mercredi 23 mai 2012

23 mai Il reste 10 mois...


Pour moi, le compte à rebours a commencé. Je veux repartir sur le Pacific Crest Trail, et tout reprendre au début, en évitant de renouveler les deux énormes erreurs de (faux) débutant que j'ai commises: être trop chargé, et pas assez entraîné. Pas besoin de faire des décennies de montagne pour deviner ça, et pourtant... Bon, en tout cas, ça confirmerait qu'il n'est jamais trop tard pour apprendre. Ou alors, qu'on ne tire jamais les bonnes leçons, selon le point de vue.

Je suis, bien évidemment, les aventures de ceux qui sont actuellement sur le Pacific Crest Trail dont je connais les blogs. En tout premier lieu, je suis franchement inquiet concernant Alaska, dont le blog s'est interrompu le 8 mai, à la suite d'une sérieuse infection, et qui n'a plus donné signe de vie depuis. Je lui ai écrit à deux reprises, mais je n'ai eu aucune réponse.
Steve, lui, fait actuellement une (longue) pause non loin de la fin du Mojave, avant d'atteindre Kennedy Meadows et la Sierra Nevada. Mais je lis aussi un certain nombre d'autres blogs et ce qui me chagrine, c'est le sentiment que la plupart d'entre eux ne rendent pas bien compte de la difficulté du parcours. Non que je pense qu'il faille à tout prix geindre sur son sort, mais je me suis efforcé pour ma part de partager mes états d'âme, tels que je les ressentais.
Steve, par exemple, n'est visiblement pas un maniaque de l'écriture et son journal est rédigé en style quasi télégraphique. J'ai le sentiment qu'il faut avoir été là-bas pour deviner entre les lignes les souffrances tacites. Voici ce qu'écrit Steve pour la journée du 17 mai, dans le Mojave:

"[…] Used Lenny's rule - don't stop. Pack was killing my shoulders and back but didn't stop. Made it to Walker camp ground about 1630 hrs. Sat with Neil who was having lunch. Was a hard press for me, especially starting out from the 631 cache. A quote from a previous hiker "Punch that hill in the face" but last part was nice easy walk in to Walker camp ground. Andy, Neil and I discussed that of all the forest we have hiked through in So Cal about 70% has been burned. For those who think that we need fires for new growth - maybe they should colonize the moon where there are no trees and nothing but sun. The last 50 or so miles to Walker Pass is every bit of desert that coming out of Hiker Town is.[…]"


"Adopté la règle de Lenny: on s'arrête pas. Sac me détruisait les épaules et le dos, mais pas d'arrêt. Arrivé à Walker camp vers 16 h 30. Pause avec Neil qui déjeunait. Il a vraiment fallu forcer pour moi, surtout en partant de la cache au mile 631. Un hiker avait écrit: "Cassez-lui la gueule, à cette montagne", mais la fin était plutôt facile à l'approche de Walker camp. Andy, Neil et moi avons discuté de toute la forêt traversée en Californie du sud, brûlée à 70%. Pour ceux qui pensent qu'on a besoin d'incendies pour stimuler la repousse, ils devraient peut-être partir coloniser la lune où il n'y a pas d'arbres, seulement du soleil. Les derniers 80 km vers Walker Pass, c'était du désert aussi aride qu'à la sortie de Hiker Town."



Et je finissais par me demander si j'étais vraiment le seul à juger que le PCT est une épreuve plutôt redoutable et à tenter de l'exprimer. Mais je viens de tomber sur le blog de Noah Strycker, qui a parcouru le PCT en 2011. Et voici ce qu'il écrit à propos de l'étape de Rodriguez Spur, dans le désert d'Anza-Borrego, à la fin de laquelle j'ai moi-même subi une rude chute de moral. Ce n'est pas charitable, sans doute, mais lire ce qui suit m'a... rassuré, en quelque sorte. D'autant que Noah n'est pas réellement du genre amateur: il a bouclé le PCT en moins de quatre mois.


Noah Strycker:

22 mai 2011, L'impitoyable désert

"De loin ma journée la plus difficile jusqu'à présent. Le sentier serpentait au travers de collines arides dans le monumental désert d'Anza-Borrego. Un grand huit sinueux qui s'enfonçait de plus en plus profondément dans un désert sans pitié. Je n'ai vu personne, ni le moindre arbre, jusqu'au milieu de l'après-midi, heure à laquelle le soleil brûlant était un marteau-piqueur suspendu au-dessus de mon moral. Le marteau m'est tombé dessus quelque part au milieu d'un tronçon de 11 km de montées et de descentes incompréhensibles, et j'ai passé le reste de l'après-midi d'humeur très sombre.

Je pense que ce parcours est beaucoup plus dur moralement que physiquement, en particulier quand on le fait seul. Mon père m'a rejoint à la fin de la journée et nous passons la nuit dans un motel voisin, à Borrego Springs, ce qui m'a aidé (il va rester dans le coin pour me rejoindre à Warner Springs après-demain). Et j'ai couvert 21 miles difficiles aujourd'hui — j'espère que ça deviendra plus facile en progressant vers le nord!"


La photo ci-dessus est celle de la citerne à souris marinées de Rodriguez Spur.







Désert d'Anza-Borrego.

Près de Rodriguez Spur.

1 commentaire:

  1. Hi !

    Bon, et bien, nous avons tout suivi ... Dommage ! See you next year !

    NB : On ne l'avait pas dit que ton sac nous parraissait trop lourd ??? ;-) ...

    De notre côté, nous sommes inquiets pour Paul et sa femme. Nous n'avons pas de nouvelles depuis leur départ. Sais tu où ils en sont ?

    A bientôt

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