samedi 31 mars 2012

Un homme averti


"Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve".
Antoine de Saint Exupéry




"... we hoped some readers would walk the whole trail in one long season. Some did and some certainly will. However, for several reasons, we no longer recommend it... The human body was not meant to carry heavy packs continuously over a rugged 2600-mile distance and some hikers attempting this feat developed serious bone and ligament problems in their feet and legs."
Jeffrey Schaffer, The Pacific Crest Trail Guide Book.


"... nous espérions que certains lecteurs parviendraient à parcourir l'intégralité du sentier en une seule longue saison. Certains l'ont fait, d'autres vont à coup sûr le faire. Cependant, pour diverses raisons, nous ne le conseillons plus... Le corps humain n'est pas fait pour porter de lourdes charges sans interruption sur une distance chaotique de 4300 kilomètres. Et certains randonneurs ayant tenté cet exploit ont été victimes de sérieux problèmes ligamentaires et osseux aux pieds et aux jambes".



Franchement, vous en connaissez beaucoup, vous, des guides qui tentent de dissuader leurs lecteurs de faire le parcours qu'ils décrivent? On va vous expliquer ce qu'il faut faire, mais surtout, ne le faites pas! Non, non! N'y allez pas!
C'est trop bizarre, cette histoire, faut que j'aille voir... Je vous tiens au courant très vite.



"Behold, my friends, the spring is come; the earth has gladly received the embraces of the sun, and we shall soon see the results of their love!"
Sitting Bull 


"Ouvrez grands les yeux, mes amis. Le printemps est là. La terre a reçu avec bonheur l'étreinte du soleil, et nous verrons bientôt le fruit de leur amour!"
Sitting Bull, chef indien Lakota Hunkpapa, 1831-1890

vendredi 30 mars 2012

Lisons donc la presse pour se détendre



Super! Ouais, vraiment, à deux jours du départ, et avec le stress qui monte, c'était vraiment le moment de lire ce genre de nouvelle distrayante. Robert Biggs, il nous fait la totale. Il voulait sans doute me remonter le moral, celui-là. Figurez-vous qu'il randonnait en Californie du nord, et il a été attaqué par un puma et... sauvé par un ours!
Bon, allez, ce soir, je prends une verveine et je regarde Blanche-Neige et les sept nains à la télé. Euh non, y pas une méchante sorcière là-dedans?
Finalement, les Pyrénées, on peut dire ce qu'on veut, mais c'est plutôt apaisant, comme montagne. Les chances d'être confronté à un ours ET un puma en train de s'écharper sur votre dos y sont tout de même assez limitées, il faut bien le reconnaître.



Man claims attack by lion, saved by a bear
By Trevor Warner
March 27, 2012
A Paradise man says he is lucky to be alive after an attack by a mountain lion Monday morning.

Robert Biggs, 69, often hikes in the Bean Soup Flat area, which is about a mile and a half above Whisky Flats. He came across a mother bear, a yearling and a newborn, which were about 40 feet from where he was standing.
After watching the bear family for a few minutes he decided to leave them be and turned to walk back up the trail. As he turned, a mountain lion pounced on him grabbing hold of his backpack with all four paws.
"They usually grab hold of your head with all four paws, but my backpack was up above my head and (the mountain lion) grabbed it instead," Biggs said. "It must have been stalking the little bear, but it was on me in seconds."
He wrestled with the cat, striking it in the head with a rock pick. The cat screamed when it was hit with the pick, but didn't let go, Biggs said. Before he knew it, the mother bear came from behind and pounced on the cat, tearing its grip from the backpack.
The bear and the cat battled for about 15 seconds, Biggs said, until the cat finally ran away. The bear went on its way as well. Biggs ended up with bite marks, scratches and bruises to his arm, but was otherwise uninjured.


Un homme affirme avoir été attaqué par un puma et sauvé par un ours
Un homme de Paradise déclare avoir de la chance d'être encore en vie après une attaque de puma lundi matin. Robert Biggs, 69 ans, fait souvent de la randonnée dans le secteur de Bean Soup Flat, environ 3 km au-dessus de Whisky flat. Il est tombé sur une ourse, un petit de un an et un ourson nouveau-né, à une quinzaine de mètres de l'endroit où il se trouvait.
Après avoir observé la famille d'ours pendant quelques minutes, il a décidé de les laisser tranquilles et a fait demi-tour pour rejoindre le sentier. Au moment où il s'est tourné, un puma lui a sauté dessus, en s'agrippant des quatre pattes à son sac à dos. "En général, ils attrapent votre tête avec les quatre pattes, mais mon sac était plus haut que ma tête et (le puma) l'a attrapé à la place", dit Biggs. " Il devait vouloir s'attaquer à l'ourson, mais s'est rabattu sur moi".
Il s'est battu avec le félin, le frappant à la tête avec une pierre tranchante. Le félin a grogné lorsqu'il a été atteint, mais n'a pas lâché prise, explique Biggs. Mais avant de comprendre ce qui se passait, l'ourse est arrivée par derrière et s'est jetée sur le puma, lui faisant lâcher le sac.
L'ourse et le puma se sont battus pendant environ 15 secondes, dit Biggs, puis le félin s'est enfui. L'ourse est aussi partie de son côté. Biggs s'est retrouvé avec des traces de morsures, des griffures et des contusions au bras, mais il est autrement indemne.



  • By Natalie Evans
  • Comments
  • 29 Mar 2012 17:43

Un-bear-lievable! Hiker, 69, saved from mountain lion attack - by a mother bear

Robert Biggs' life was saved when a mother bear came to his rescue after he was attacked by a mountain lion in California

Vicious attack: Robert Biggs was pounced on by a mountain lion
Vicious attack: Robert Biggs was pounced on by a mountain lion

AP
A 69-year-old hiker was saved from a vicious mountain lion attack – by a BEAR.
Robert Biggs was walking in the woods of north-central California when he spotted a mother and her young cub.
After watching the animal family for some time, he turned to walk back up the trail when a mountain lion pounced on him from behind.
The big cat grabbed Mr Biggs’ backpack with all four paws, sinking its claws in and wrestling with him.
He told the Paradise Post: “They usually grab hold of your head with all four paws, but my backpack was up above my head and (the mountain lion) grabbed it instead.
“It must have been stalking the little bear, but it was on me in seconds.”
After struggling with the animal, Mr Biggs was able to hit it over the head with a rock pick but the lion clung on.

A brown bear roaming

AP
The hiker’s life was saved when the mother bear came to his rescue, grabbing the mountain lion and pulling it from the backpack.
The big cat fled into the woods leaving Mr Biggs with bite marks, scratches and bruises.

jeudi 29 mars 2012

Marches et rêves


"Pour la chasse aux lions: vous achetez un tamis et vous allez dans le désert. Là, vous passez tout le désert au tamis. Quand le sable est passé, il reste les lions".
Alphonse Allais



Au seuil d'une très longue marche, un nom vient de ressurgir dans ma tête. Une évidence. Celui de Jacques Lanzmann.
La mémoire de l'homme étant d'une extrême fragilité, j'en suis à me demander si certains d'entre vous ne l'ont pas déjà oublié, ou même si d'autres n'en ont jamais entendu parler. Et pourtant, Jacques Lanzmann n'est mort qu'en 2006. Et ce qu'il a accompli, dans plusieurs domaines très différents, est parfaitement remarquable. Pour moi, c'était un modèle et il m'a beaucoup fait rêver. Je pense très sérieusement qu'il fait partie de ceux — avec Jacques Lacarrière, ou Bernard Ollivier, par exemple — qui ont instillé en moi le désir de marcher.
Et puis, que voulez-vous, pour moi, un type qui était soudeur et peintre en bâtiment avant de se mettre à écrire (beaucoup) et d'être remarqué par Simone de Beauvoir, ça ne peut que m'émouvoir et je me sens des (très modestes) affinités avec lui. J'aime l'éclectisme, j'aime voir quelqu'un être tout à la fois ouvrier agricole, auteur des chansons de Jacques Dutronc et parvenir à accomplir la traversée du désert du Taklamakan. Une forme d'universalité. La beauté d'un homme, dans ma cosmogonie personnelle. A man for all seasons, selon la très belle expression des Anglo-Saxons...
Jacques Lanzmann a donc beaucoup marché, c'était sa passion (sans doute une de ses passions, devrais-je plutôt dire). Et pas simplement le tour du pâté de maisons. Il adorait les déserts et en a traversé de très sérieux, des beaux, des brûlants, des brutaux, comme le Neguev, ou le Taklamakan en Chine... En 1985, il publie un livre intitulé "Fou de la marche".

Hommage à toi, Jacques.

"Si tu veux te trouver, commence par te perdre".
Jacques Lanzmann



mercredi 28 mars 2012

Rêve de beignet


"Certes, un rêve de beignet, c'est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c'est déjà un voyage".
Marek Halter


Eh bien, là, le rêve de voyage est sur le point de se transformer en voyage, même si — comme le dit Marek Halter — ce voyage-là a commencé il y a quinze ans. J'espère toutefois que ce n'est pas un rêve qui va se transformer en cauchemar. Je ne le crois pas. J'ai fait mes bagages, et la panique commence à monter. C'est le moment où on se dit tout d'un coup qu'on n'est pas prêt, qu'il y a nécessairement quelque chose d'important qui a été oublié. Dans une certaine mesure, ça paraît trop simple: fermer la porte à clef, prendre son sac et monter dans l'avion. Oui, mais... où est le problème imprévu? Où se niche le truc auquel je n'ai pas bien réfléchi?
Je pensais trier à nouveau tout le matériel, tout vérifier, toutes les cartes, tous les médicaments, tous les câbles et cordons divers pour le matériel électronique, tout ce fatras accumulé au fil des mois, mais c'est un tel bazar que ça m'a découragé. J'ai tout fourré dans un grand sac et la petite valise cabine et on étudiera la question à Long Beach.
J'étais inquiet des chutes de neige récentes en Californie (il a vraiment beaucoup neigé)  et de mon projet de départ très précoce par rapport à la "norme" (le Kick-Off du dernier week-end d'avril), mais je viens de découvrir le journal d'un randonneur qui a démarré le 22 mars, dans la neige à la frontière mexicaine. Y pas de doute, c'est un parcours qui doit attirer les fêlés du casque.
En revanche, aux toutes dernières nouvelles, le revendeur Nikon pense, estime, suppute, espère, suppose, bref... que l'appareil pourrait être livré d'ici deux semaines. Si cette supputation se confirme, il se pourrait que je retarde mon départ de quelques jours. Ou alors, comme il me l'a proposé, Rob viendra me retrouver quelque part dans le désert pour me l'apporter. J'avoue que ça doit être cornélien pour lui: après tant de sollicitations et de problèmes, se débarrasser de moi le plus vite possible, et devoir aller jusqu'au bout de nulle part pour me fourguer cet appareil de cinglé, ou éviter le voyage, mais devoir me supporter quelques jours supplémentaires?

Le D4 commence à être livré aux professionnels aux USA.
Et les cinglés, alors, ils sentent le pâté?

Mon équipe de soutien logistique commence à s'animer. À Reno, John est rentré de son "hiver" sous le soleil de Floride (tiens donc, faut pas se gêner!) et étudie à quel col il va venir me récupérer avec son orchestre: Carson Pass ou Donner Pass? On a le temps d'en discuter, c'est pour la fin du mois de juin. Quant à Phil, il envisage dorénavant de venir me rejoindre pour marcher avec moi pendant quelques jours. Ah, ah! Quand je lui en ai parlé en août dernier, il n'en était pas question (trop vieux, trop fatigué, et mon dos, et mes rhumatismes, et ma rate qui s'dilate), mais je note que ça doit le titiller maintenant, de voir que je ne lui racontais pas des salades et que je vais bientôt réellement partir me balader, tout seul, comme un grand. Et il doit sentir que cette affaire m'a donné un grand coup de jeune (de djeun's?). Les voyages forment la jeunesse, c'est bien connu. Allez, Phil, sors ton sac de la naphtaline! Pense à Yosemite, quand t'étais djeun's.

C'est étrange, cependant, cette impression d'entrer brutalement dans une grande zone de flou: je pense avoir bien préparé mon projet (même si je n'ai aucune attirance pour les préparatifs militaires, type réglons nos montres), mais maintenant que les choses se concrétisent, il va falloir naviguer à vue, et affronter toutes les difficultés imprévues qu'on va me jeter inéluctablement à la figure. Déjà, je ne vole pas avec Air France; il y a donc peu de chances qu'on m'annonce qu'il y a une grève... C'est d'ailleurs exactement pour cette raison que j'ai choisi une autre compagnie. Ah si, il y avait un autre paramètre d'importance: British Airways est beaucoup moins cher. Ce qui est embêtant, c'est qu'ils parlent Anglais. Mais bon, j'ai deux ou trois jours pour réviser mon Carpentier-Fialip. Comment, vous ne connaissez pas Carpentier-Fialip? Ouh la la, je dois vraiment être très, très vieux, alors, c'est la collection de bouquins d'Anglais (l'Anglais vivant) avec laquelle j'ai commencé mon apprentissage, en 6e. Plus triste que ça, tu meurs. Ça ne m'a pas empêché d'apprendre. D'un autre côté, c'étaient des bouquins qui trouvaient leurs exemples dans Shakespeare ou le Dr. Johnson, grand lexicographe du XVIIIe siècle! En 6e. C'était peut-être un peu too much, mais ça a bien changé depuis. Ce qui n'a pas changé, malheureusement, c'est l'inefficacité abyssale de l'enseignement de l'Anglais dans notre beau pays.
Je repense à Barney Mann (trail name: Scout), un des trail angels sur le PCT, qui accueille la grande majorité des hikers qui débarquent à San Diego et les conduit ensuite au départ. Il explique que pendant un cours, un étudiant lui avait demandé ce dont il était le plus fier, dans sa vie. Il avait réfléchi et répondu qu'il avait été chef scout. D'où son trail name. Si on me posait la même question, je répondrais sans hésiter "mes enfants", et avoir appris l'Anglais. Je dois à cette connaissance de l'Anglais des amis magnifiques, et beaucoup de belles choses de ma vie, dont la dernière — de fil en aiguille — est de partir dimanche sur le Pacific Crest Trail...
Et ma modestie m'interdit formellement de m'appesantir de manière inélégante sur l'article que vient de publier le New York Times aujourd'hui, intitulé: "Why Bilinguals are Smarter" (Pourquoi les bilingues sont plus intelligents). Déjà qu'ils ont aussi un article expliquant que les gauchers sont plus brillants et que cinq des sept derniers présidents des États-Unis étaient gauchers... Je ne voudrais pas vous mettre mal à l'aise. Mais on y apprend, entre autres, qu'être bilingue limite le risque de maladie d'Alzheimer. C'est déjà ça, n'est-ce pas, Rosalie? 

Vous le faites aussi, en version sexy?

mardi 27 mars 2012

Bzzz, bzzzz


"My dreams were all my own; I accounted for them to nobody; they were my refuge when annoyed — my dearest pleasure when free."
Mary Wollstonecraft Shelley [l'auteur de Frankenstein]

"Mes rêves n'appartenaient qu'à moi. Je n'en ai jamais rendu compte à quiconque. Ils étaient mon refuge quand j'étais contrariée, mon plus grand plaisir quand je me sentais libre".




Je suis en train de lire mon dernier récit de parcours du Pacific Crest Trail cette semaine. Oui, je sais, j'ai développé une certaine tendance monomaniaque au cours des derniers mois. Et pourtant, ce n'est peut-être pas une si bonne idée que ça de lire ce qu'écrit Natasha. Ça peut ébranler le moral.
En fait, si vous avez eu la curiosité de jeter un coup d'œil à l'onglet "De la lecture", où j'ai fait une liste de bouquins publiés sur le PCT, vous aurez noté qu'ils sont tous récents. Ou presque. Post-2000, pour la plupart. Le PCT est un parcours assez neuf, finalement. Mais ce n'est pas parce qu'on a parcouru le PCT qu'on devient aussi un écrivain compétent. Certains de ces livres sont... pesants. Manque de chance, celui de Natasha, Walking Down a Dream, est plutôt bien écrit. On s'en rend compte dès la première page. Donc, je me suis fait harponner. Et je lis des choses parfois un peu déprimantes. Quoique, il vaut certainement mieux bien connaître son "ennemi". Évidemment, le Pacific Crest Trail n'est pas notre ennemi; c'est nous qui sommes notre propre pire ennemi. C'est ce qui va se passer dans ma tête qu'il conviendra de maîtriser. Il est en tout cas intéressant de voir la manière dont Natasha analyse les plaisirs et les difficultés, les hauts et les bas, les brutales sautes d'humeur, l'envie lancinante d'abandonner.
Je vous ai choisi un moment particulièrement révélateur, puisque les deux passages traduits ci-dessous se suivent, littéralement. C'est étrange.
Dans le deuxième paragraphe, elle évoque le supplice des moustiques, dont tout le monde s'accorde à dire qu'ils sont l'espèce animale la plus redoutable de la nature, sur le PCT, à l'exception de l'homme bien entendu.
Notons tout de même que pour gagner du poids, Natasha avait fait des choix assez radicaux (pas de pantalon long, pas de tente, pas de réchaud) qui lui ont causé des soucis. En short, sans insecticide, au milieu des nuages noirs de moustiques vampires, c'est tout de même un peu chercher les ennuis... Le minimum syndical, c'est de s'enduire à intervalles réguliers d'un répulsif qui d'appelle le Deet. Une cochonnerie hautement toxique et probablement cancérigène, à base de DDT, j'imagine, mais les moustiques, eux, sont encore plus destructeurs. Du mental.


Natasha Carver, Walking Down a Dream, Mexico to Canada on Foot, ExLibris, 2003


"C'est super. C'est tellement bien! Je marche du Mexique jusqu'au Canada, dans la nature sauvage, à l'unisson de la nature. Oh, vous pouvez vous marrer de ces expression éculées, mais il y a généralement une part de vérité dans les clichés. Votre corps et votre esprit s'adaptent avec une rapidité surprenante, et développent des compétences que vous n'auriez jamais imaginé avoir, se sentent à l'aise dans toutes sortes de situations imprévues. Mon esprit s'est si bien adapté à la marche vers le nord que dès que le sentier vire vers l'est ou l'ouest, de petites sonnettes d'alarme résonnent dans ma tête. J'ai envoyé ma boussole vers l'État de Washington. Il fait beau tous les jours et le sentier est dégagé, si ce n'est bien balisé. Il semble qu'il y ait peu de chances de se perdre. Je cherche toujours des empreintes que je connais (comme celles de Turtle ou de Christopher), mais ici, dans la Sierra, il y a un flot ininterrompu de randonneurs marchant dans toutes les directions, qui recouvrent les traces des thru-hikers. Beau. Le monde est beau." (page 109)


"Pourquoi est-ce que je fais ça? C'est l'enfer. C'est sinistre. Ce n'est pas un passe-temps ou un loisir agréable. C'est une épreuve d'endurance. Je suis emmaillottée  dans mon tapis de sol, avec mon anorak en Gore-Tex, la tête, les mains, et mon journal à l'intérieur de la moustiquaire, terrifiée à l'idée qu'ils [les moustiques] puissent atteindre mes pieds, en attendant la pluie.
J'ai rencontré trois solides types du Sud avec leur cannes à pêche en descendant de Seldon Pass (un col peu élevé à 3300 m à peine).
"Ça ne peut pas être plus épouvantable que ça?" leur ai-je demandé, incapable d'imaginer que ça puisse le devenir. J'avais pris mon repas de midi au col enveloppée dans le même cocon; manger est en train de devenir trop horrible pour que j'en prenne la peine.
"Non, non, c'est le pire. Il n'y a rien de pire que ça". Et alors, il s'est mis à pleuvoir et c'est devenu instantanément 10 000 fois pire. 10 000 moustiques pire.
Je crois que je me suis couchée sur une fourmilière. Il va falloir qu'elles s'en aillent. Moi, je ne peux plus bouger. Mon Dieu, que je regrette le chaparral et le désert! Donnez-moi des fourmis plutôt que des moustiques, quand vous voulez!
La seule chose à faire est de continuer à avancer par tous les moyens tout en me giflant le derrière des genoux. L'anorak en Gore-Tex si coûteux que tout le monde voulait que je renvoie à la maison ("trop lourd!", "inutile") est devenu un refuge, pas contre la pluie, mais contre les insectes. C'est un des seuls vêtements qu'ils ne peuvent traverser pour piquer. Soudain, horreur absolue! Un torrent à traverser. Je pose mon sac, attrape mes sandales, et je cours (ils restent autour du sac pendant deux secondes). Je retire mes chaussures et mes chaussettes pendant que des millions de ces bestioles noircissent mes jambes. J'attrape mon sac et je fonce vers le torrent, là où on ne peut pas être piqué, sous l'eau. Hier, ce fut le même enfer pour la dangereuse traversée d'Evolution Creek. Les moustiques étaient tellement catastrophiques que je me suis jetée à l'eau sans me préoccuper du courant et des techniques de traversée, simplement heureuse d'avoir de l'eau jusqu'aux cuisses. À mi-parcours, je me suis rendue compte que ça devenait vraiment profond. Mon sac de couchage se trouvait au fond du sac et c'aurait été une très mauvaise idée de le mouiller. Je tenais mon appareil photo en l'air, en essayant de progresser lentement tout en gardant l'équilibre contre la pression du courant, sans tenir compte de la panique qui montait à cause du nuage épais de moustiques qui m'attaquaient de tous côtés. J'ai pris une grande respiration et j'ai continué, tout en remarquant vaguement quelqu'un qui me faisait signe de l'autre côté et que je n'avais pas vu. Ce randonneur, c'était Gene, maintenant rebaptisé "Flatfoot", que j'avais vu pour la dernière fois à l'embranchement vers Lone Pine, à Cottonwood Pass. Il était impatient d'avoir des nouvelles.
"T'avances comme un avion!" me dit-il.
"J'peux pas m'arrêter!" répondis-je en haletant, tout en enfilant mes chaussures sur des pieds mouillés. "Jambes nues, pas de pantalon, les moustiques".
"Et l'insecticide?" demanda-t-il.
"Pas de Deet, pas de pantalon, faut que j'avance, j'peux pas m'arrêter".
C'est comme ça depuis quatre jours maintenant. Je suis épuisée. Dans l'immédiat, je ne peux pas vider mon sac et me glisser à l'abri de mon sac de couchage, parce que le tonnerre gronde. S'il pleut, la seule chose à faire est de marcher. Une tente! Une tente! Mon royaume pour une tente!
Quoique, un cheval ne serait pas si mal que ça en ce moment." (pages 110-111)


lundi 26 mars 2012

Un charme solitaire au sein des bois


There is a pleasure in the pathless woods,
There is a rapture on the lonely shore,
There is society, where none intrudes,
By the deep sea, and music in its roar:
I love not man less, but Nature more...
Lord Byron, Childe Harold’s Pilgrimage

Il est au sein des bois
un charme solitaire,
Un pur ravissement
aux confins du désert,
Et de douces présences
où nul ne s'aventure,
Au bord de l'océan
qui gronde et qui murmure.
Sans cesser d'aimer l'homme,
j'adore la Nature...

Cité en épigraphe du film "Into the Wild", de Sean Penn. Ouais, bon, j'ai même piqué la traduction, mais elle fait usage d'une assez grande licence poétique. À ce propos, si vous n'avez pas vu Into the Wild, ou lu le livre éponyme de Jon Krakauer sur la belle et tragique (et authentique) histoire de Christopher McCandless (traduit en Français sous le titre Voyage au bout de la solitude), abandonnez immédiatement ce blog (du moins, temporairement) et mettez un terme à cette triste situation toutes affaires cessantes. Dans le film, il y a d'ailleurs quelques images du Pacific Crest Trail, dans le nord de la Californie, et pas mal de scènes se déroulent dans le désert sud-californien.


"If you want something in life, reach out and grab it..." (derniers mots de la bande-annonce)
"Si tu veux quelque chose dans la vie, attrape-le..."


On est toujours dubitatif quand on vous dit qu'un film raconte une histoire authentique. Dans le cas de Christopher McCandless, Jon Krakauer, écrivain enquêteur remarquable dont je suis un fan, a fait une enquête journalistique scrupuleuse, à l'aide du journal retrouvé de Christopher, a interviewé tous ceux qui l'avaient rencontré et en avaient été marqués. Ce n'est plus un livre, c'est une enquête policière. Et le film de Sean Penn reproduit avec une fidélité extrême ce que l'on sait de tout ça. Et quand je dis fidélité, ça donne ça:
La photo du haut est celle de Christopher, retrouvée dans son appareil photo; celle du bas est une image du film.



Ouh la la, je sens que ce billet m'échappe: ce qui ne devait être qu'une citation en épigraphe a salement dérapé. Au point où j'en suis, je vais donc tenter de contrebraquer sans avoir l'air de rien, en sifflotant, et vous conseiller également, avec la plus grande insistance, de lire Krakauer. Mon ordonnance pour les après-midis de cet été sur la plage, ou ailleurs. Faites-moi confiance, vous ne le regretterez pas:

• Tragédie à l'Everest (Into Thin Air): ouvrez-le, commencez à lire deux pages. Vous noterez un phénomène assez rare. Le livre reste collé à vos mains et vous ne pouvez plus le refermer. "Bizarre", vous avez dit "Bizarre"?



















• Into the wild, voyage au bout de la solitude. Avec ça, vous devriez en plus avoir envie de lire Tolstoï et Thoreau. Une histoire, et un livre, et un film, fascinants.



















 Rêves de montagne (Eiger Dreams). On y parle de l'Eiger et ça, c'est Pavlovien chez moi, ça génère des troubles sérieux. Mes yeux s'écarquillent, mes pupilles se dilatent, mon rythme cardiaque s'accélère, mon regard se tourne vers l'Oberland bernois et le train de la Jungfrau. Et je me mets à marmonner entre les dents  des mots comme "Hinterstoisser", "Kleine Scheidegg", ou "Tony Kurz"... Bizarre, bizarre.



















Je note tristement que deux remarquables bouquins (eux aussi, des enquêtes) n'ont toujours pas été traduits. Dommage, je pars très bientôt en stage commando, je n'ai pas le temps de m'en occuper:

• Where Men Win Glory, sur la mort de Pat Tillman, soldat américain, en Afghanistan. C'est grotesque de le présenter ainsi, c'est un livre fantastique, que j'ai dévoré au Bhoutan il y a un an. Ah! Le Bhoutan...



• Under the Banner of Heaven, sur les effrayants fondamentalistes mormons. À l'heure où divers mouvements fondamentalistes de tous poils nous menacent, où un membre de l'un d'entre eux risque de se retrouver candidat à l'élection présidentielle américaine face à Obama, sa lecture devrait être obligatoire et remboursée par la Sécurité Sociale.
En sous-titre:
"Le 24 juillet 1984, une femme et son bébé furent assassinés par deux frères qui pensaient que Dieu leur avait donné l'ordre de tuer. Les racines de leur crime sont enfouies dans l'histoire d'une religion américaine pratiquée par des millions de personnes..."
Oui, ça se passe aux États-Unis.



Bon sang, Jon, j'ai tout lu! Qu'est-ce que t'attends pour en publier un nouveau? En plus, j'ai quelques soirées qui m'attendent où je pourrais lire...


dimanche 25 mars 2012

Lave-linge et chocolat



"What we seek we shall find; what we flee from flees from us."
Ralph Waldo Emerson

"Ce que nous recherchons, nous le trouvons; ce que nous fuyons nous fuit".


La machine à laver de Donna Saufley est sur le point de rendre l'âme. Oui, je le crains, cette triste nouvelle ne devrait a priori pas réellement vous émouvoir. Et pourtant, c'est une catastrophe. Donna est trail angel. Non, en réalité, je devrais dire THE trail angel. Je vous ai déjà parlé d'elle et de son mari Jeff dans un billet du mois de novembre intitulé "Anges et magiciens". Allez hop! Si, une simple fraction de seconde, vous vous êtes demandé "Qui c'est, celle-là?", une remise à niveau rapide s'impose, s'il vous plaît. Avant l'interro.
Donna attire comme un vortex tous les thru-hikers, à raison d'une cinquantaine par jour, alors qu'ils se débattent dans la traversée du désert de Mojave. Autrement dit, l'arrivée chez Donna à Agua Dulce, c'est un ticket d'entrée au Nirvana. Au point que Donna a dû décréter que la durée maximale du séjour chez eux était de deux nuits. Les randonneurs, après avoir été carbonisés dans la fournaise du désert, déshydratés comme des raisins de Corinthe, poursuivis par les serpents à sonnette, asphyxiés par la poussière, couvert de pustules par les buissons de poison oak, transpercés comme des fakirs par les cactus, dévorés par les fourmis de feu, sont tellement bien chez Donna qu'ils ne veulent plus en repartir. Il faut leur botter le derrière. Allez, ouste, en route, on ne lambine pas, le désert, c'est par là.
Et donc, la machine à laver... Déjà que loger, laver le linge, doucher une cinquantaine de types crasseux chaque jour doit générer certains frais pas si menus que ça, vous pouvez imaginer que Donna n'était pas particulièrement réjouie à l'idée de devoir remplacer sa machine. Surtout que, vu le traitement qu'elle lui fait subir, à sa machine, faut vraiment qu'elle soit mahous costaud.
Des randonneurs ont eu la riche idée de lancer un appel à l'aide et une souscription, dans le but de tenter de récolter les 2000 dollars nécessaires à l'acquisition d'une machine à laver blindée. C'est un de ces moments qui réchauffent le cœur: en 48 heures, l'appel à la générosité lancé par Jackass a rapporté plus de 4000 dollars. Non seulement Donna va pouvoir changer sa machine, mais ils envisagent de réparer également quelques autres accessoires déficients, à Agua Dulce. Je vous tiendrai au courant quand j'y parviendrai.
Le moment me paraît  à ce propos remarquablement bien choisi et judicieux pour vous glisser un passage du livre de Natasha Carver, Walking Down A Dream:
"At the moment we're staying in luxury at Donna and Jeff's. Donna, who took Kris and me to the border at the start of our hike, has risen from being a Trail Angel to 'Saint Donna, Our Lady of the Laundry.'
She takes hiker clothes ingrained with sweat and dirt and somehow manages to reproduce them in their original color. And she has a stack of blue shorts and white T-shirts for the hikers to wear while their clothes are being washed."
"En ce moment, nous nageons dans le luxe chez Donna et Jeff. Donna, qui nous a emmenées, Kris et moi, à la frontière au début de notre randonnée, s'est élevée du statut de Trail Angel à celui de "Sainte Donna, Notre Dame de la Lessive".
Elle prend les vêtements des randonneurs, incrustés de sueur et de crasse, et se débrouille d'une manière ou d'une autre pour les rétablir dans leur couleur originelle. Et elle a une pile de shorts bleus et de T-shirts blancs que les randonneurs portent pendant que leur linge est lavé".


Cette histoire a donné à Shroomer l'occasion d'écrire une sorte d'hommage aux trail angels. Il y a de quoi. Je sais maintenant que j'ai des lecteurs qui sont heureux de disposer des textes anglais et de mes traductions pour réviser avant d'aller chez Donna. Dont acte, je copie le texte de Shroomer et ma traduction suit.


[…] kudos to Jackass, the Wolverines, Joe and anyone else who
jumped in and donated!!!  For all these wonderful folks give every year,
setting up a fund to help them out is the least we can do as a community.

There was the sound of John Coltrane and the smell of smoked chicken
floating out over the chamise when I first approached Mike Herrera's two
years ago.  And then that barrel of cool water we all sat around and soaked
our feet in on a hot desert day in his backyard, the chicken courtesy of
Gourmet who I met for the first time there too.  Thank you Mike and Gourmet.

There were a bunch of folks who due to the depth of snow and ice on Fuller
Ridge were asked by the SAR guys to jump north and come back so as not to
give them more reason to go and rescue our butts and put their own on the
line.  Who was there to open earlier than she had planned. Donna, L-Rod and
Jeff Saufley.  She put up and cleaned up 13 of us, with her totally
inadequate washer and dryer, only warning us that she wasn't quite ready
for the onslaught.  God, what people!

There was food and fun and chocolate or was that mud at the House of the
Moon just when you thought you needed a party and a day to chill, or make
that 3 days or hell, why not spend the week.  Talk about the land of the
Lotus Eaters.  These folks are so damn nice some folks have to peel
themselves out of the place.  Thank you Terry and Joe for donating your Pay
Pal account.

There was a dry spot in Northern WA in a little town of Skykomish where a
couple of good people had built a hiker dormitory with their own money so
we could drape our dripping wet tents and bags from every rafter in the
place and where we all snuggled so close for a nero around that wood stove
before hitting more wet and fog to Manning.  Salt of the earth great folks!!

There was a rave going on in Beldon Town and an angel there who called the
only place to get dinner and had them stay open until we could get there,
and then fed us the best muffins and pancakes we had on trail then next
morning.

There were unofficial angels near Tahoe and then again at Bucks Lake who
fed us a dinner that started out with tri tip, pulled pork, ribs and
lasagne and a ping pong table full of sides.  I'm not kidding!  Fed 15 or
20 of us and asked nothing.  We called the trail north of Tahoe the "land
of the trail angels."

And there were so many good folks along the way, old Lloyd, and I mean
old!!  driving hundreds of miles to give Smiles a lift to the emergency
room when she got very sick and the list and experiences go on and on.

Guys, if you haven't given yet, Jackass has come up with the best way to
help these wonderful folks out I've seen yet.  They've spent thousands of
their own money to help us out, to be part of the experience.  They
actually like hiker trash.  So give deep, and give now as the season is
just beginning and I know there will be more need as the season progresses.

Anyway, thank you Jackass!!!!  And the Wolverines and Joe, and anyone out
there who has ever lifted a finger to give aid or just plain fun to any old
hiker trash who needed it.


[…] félicitations à Jackass, aux Wolverines, à Joe et tous ceux qui ont immédiatement réagi et fait des dons!!! Quand on voit tout ce que donnent ces gens merveilleux chaque année, organiser une collecte pour les aider est bien le moins que nous puissions faire en tant que communauté.

Il y avait la musique de John Coltrane et l'odeur du poulet fumé qui flottait dans les buissons quand je suis arrivé à proximité de la maison de Mike Herrera il y a deux ans. Et puis ce bac d'eau fraîche autour duquel nous nous sommes tous assis pour faire tremper nos pieds un jour de désert brûlant, dans son jardin. Le poulet, on le devait à Gourmet que j'ai rencontré pour la première fois à cette occasion. Merci, Mike et Gourmet.

Il y avait tout un groupe à qui les types des secours en montagne avaient demandé de contourner Fuller Ridge et de revenir plus tard à cause de la neige et du verglas, afin de ne pas leur donner une raison supplémentaire de venir sauver notre peau et risquer la leur en même temps. Et qui était là pour les accueillir plus tôt que prévu? Donna (L-Rod) et Jeff Saufley. Elle s'est occupée de nous treize, nous a permis de nous laver, avec sa machine à laver et son sèche-linge totalement inadaptés, nous prévenant simplement qu'elle n'était pas prête pour le flot de randonneurs. Mon Dieu, quels êtres extraordinaires!

Il y avait de la nourriture, de l'animation et du chocolat, ou bien était-ce de la boue? à la Maison de la Lune (1) juste au moment où on se disait qu'on avait bien besoin de faire la fête et d'une journée pour récupérer, ou même trois jours, ou — que diable! — pourquoi pas une semaine? Parlons donc du Pays des mangeurs de lotus! Ces gars-là sont tellement sympas que certains randonneurs doivent se faire violence pour les quitter. Merci, Terry et Joe, d'avoir permis qu'on utilise votre compte Paypal.

Il y avait un endroit au sec dans le nord du Washington, dans la petite ville de Skykomish, où un couple  plein de bonté avait construit un dortoir pour les randonneurs avec leurs fonds personnels, de sorte qu'on pouvait étendre nos tentes dégoulinantes et nos sacs à chaque poutre, et où nous  nous serrions pour quelques heures autour du poêle à bois avant de repartir vers davantage de pluie et de brouillard en direction de Manning. Vous êtes le sel de la terre, les gars!

Il y avait une fête à Belden et un trail angel là-bas qui a appelé le seul endroit où on pouvait manger pour leur demander de rester ouverts jusqu'à notre arrivée, et qui nous a ensuite offert, le lendemain matin, les meilleurs muffins et pancakes de tout le parcours.

Il y avait des trail angels non officiels près de Tahoe, et aussi à Bucks Lake, qui nous ont offert un dîner avec du porc, des côtelettes, des lasagne, et une table de ping-pong couverte de plats d'accompagnement. Je ne blague pas! Ils en ont nourri 15 ou 20 sans rien demander. Nous avons nommé le sentier au nord de Tahoe "le pays des trail angels".

Et il y avait tellement de types bien le long du parcours, comme le vieux Lloyd, et veux dire vraiment vieux!! qui a fait des centaines de kilomètres en voiture pour emmener Smiles aux urgences quand elle est tombée malade, et la liste et les expériences pourraient continuer sans fin.

Les mecs, si vous n'avez pas encore donné, sachez que Jackass a trouvé le meilleur moyen  que j'aie jamais vu d'aider ces gens. Ils ont dépensé des milliers de dollars personnels pour nous aider, pour faire partie de notre expérience. Ils aiment vraiment les randonneurs crasseux. Alors donnez, et donnez tout de suite, parce que la saison commence à peine, et il y aura davantage de besoins au fur et à mesure de la saison.

En tout cas, merci, Jackass!!! Et les Wolverines et Joe, et tous ceux qui ont un jour levé le petit doigt pour fournir de l'aide, ou simplement faire rigoler, le randonneur crasseux lambda qui en avait besoin.


(1) La Maison de la Lune, Casa de Luna, est le nom du logement d'un couple de trail angels passablement déjantés, Terri et Joe Anderson. Ambiance Haight-Ashbury 1970. Ils organisent traditionnellement des combats de randonneurs assez déshabillés, dans de la sauce au chocolat, comme les lutteurs turcs... Oui, oui.
J'espère que le lave-linge de Terri fonctionne correctement, parce que pour laver des vêtements couverts de chocolat... Remarquez, d'après les photos que j'ai vues, il y en a assez peu, des vêtements. C'est plus prudent.