vendredi 2 mars 2012

Un Mars et ça repart


"It is so hard to convey to others the importance of long distance hiking in my life. Sure, I can tell them that it makes me feel like I have light all around me. I can tell them that it makes my inner fire burn in my belly and that once you know what makes you feel this strongly, there is no turning back."
Teatree, PCT 2007 (son journal est ici)

"C'est tellement difficile de faire comprendre aux autres l'importance de la randonnée longue distance dans ma vie. C'est vrai, je peux leur dire que ça me donne l'impression d'être entourée de lumière. Je peux leur dire que ça ravive le feu intérieur dans mon ventre, et qu'une fois qu'on a compris ce qui vous fait ressentir ça aussi fort, il n'y a plus de marche arrière possible".




Et voilà, nous sommes au mois de mars. Je n'ai vraiment pas vu le temps passer. Je ne sais pas pourquoi, mais je suppute que ce sera assez différent pour les quelques mois qui viennent. Quel est l'état des lieux, à 30 jours du grand départ?

Je suis prêt, du moins de l'espère. Normalement, on est censé dire: "je suis fin prêt". Prêt physiquement, prêt mentalement, prêt en ce qui concerne la logistique ou l'équipement... Bon, maintenant, les bémols. Prêt physiquement, je l'étais, jusqu'à ce qu'un méchant virus s'installe chez moi sans invitation et me fasse des misères. Du coup, mon entraînement pour les jeux olympiques de 2012 a subi un coup d'arrêt très brutal et je suis objectivement extrêmement fatigué, et pas encore d'aplomb, après deux semaines de fréquentation de cet invité encombrant. Mentalement, c'est évidemment très difficile à dire, je sais bien qu'on ne peut pas se figurer à l'avance dans quel état d'esprit on se trouvera, une fois confronté aux difficultés. Ni a fortiori, au bout de quelques jours (qui a dit: "quelques heures!" en ricanant bêtement, au fond de la salle??). En ce qui concerne l'équipement, il faudra que j'aie ma maison sur le dos pour décider si je dois encore supprimer du mobilier.

Deux choses me turlupinent, pourtant: j'ai beau pratiquer la méthode Coué en vous montrant de beaux graphiques qui tendent à établir qu'il y a très peu de neige, les choses ne sont pas vraiment aussi simples que ça. Une grosse tempête est en ce moment même en train de déverser des dizaines de centimètres de neige dans le secteur de Tahoe. Ils parlent de près d'un mètre. Évidemment, ça ne modifie en rien la donnée de base, qui est que l'enneigement de cette année n'a strictement rien de comparable avec celui de l'an dernier. Je suis néanmoins très chatouilleux quand je lis qu'une nouvelle tempête arrive, ou quand je vois les photos de Reno enneigé, dans le désert.

Mais le point qui me tracasse le plus, c'est un souci que j'ai moi-même créé. Monsieur Nikon semble éprouver des difficultés pour produire l'appareil photo que j'attends pour démarrer et plusieurs sites font état d'un nouveau retard de livraison... d'un mois! On parle maintenant d'un début des livraisons après le 15 avril. C'était initialement prévu pour le 17 février, puis pour les Ides de mars (15 mars), dont Jules César avait en son temps découvert que ce n'était pas une date propice aux bonnes nouvelles. On va peut-être passer aux Calendes grecques, si ça continue comme ça. Curieusement, et ça doit être un signe que je vieillis, ça ne m'affecte pas tant que ça. Il fut un temps où j'aurais déjà commencé à pester et à donner des coups de poing sur la table. Mais non, je suis aussi zen qu'un moine bouddhiste vajrayana bhoutanais en pleine méditation et je me dis que c'est écrit, qu'on verra bien, qu'il y aura bien une solution, que les dieux du PCT ne vont pas me laisser tomber. C'est peut-être aussi tout bêtement un signe que je suis incroyablement heureux et serein face à l'aventure fantastique qui m'attend, aussi éprouvante s'annonce-t-elle. Je mesure pleinement la chance inouïe qui est la mienne.



It is utterly insane to think that in 48 days I will be on a flight to San Diego. I will arrive, be picked up by friends that I love so dearly that it hurts, make a trip to the grocery store, make another quick stop at In and Out Burger and end up at Lake Morena Campground. I will awake in my tarptent and then hike from the border to Lake Morena. 20 miles…I will spend the weekend laughing, singing, and feeling free. And then, on Sunday, I will hike out of Lake Morena. North. I don’t have to fly home. I don’t have to fly home! I DON’T HAVE TO FLY HOME!! I have been waiting for this to happen again for 4 years. Each year since 03 I fly home from Kick Off wondering, “Why aren’t I hiking this year?”. But not this year. I can walk as far as I want to this summer. I am free. "
Teatree, PCT 2007

"C'est complètement dingue de penser que dans 48 jours, je serai dans un avion pour San Diego. À mon arrivée, je serai attendue par des amis que j'aime tant que c'en est douloureux, j'irai dans une épicerie, un autre arrêt rapide à In and Out Burger, et je finirai au camping de Lake Morena. Je me réveillerai sous ma tente, puis je marcherai depuis la frontière jusqu'à Lake Morena. 32 km... Je passerai le week-end à rire, à chanter, à me sentir libre. Et puis, dimanche, je partirai à pied de Lake Morena. Vers le nord. Je n'aurai pas besoin de reprendre l'avion.  Je n'aurai pas besoin de reprendre l'avion! JE N'AURAI PAS BESOIN DE REPRENDRE L'AVION! J'attends ça depuis quatre ans. Chaque année, depuis 2003, je rentre chez moi après le Kick-Off, en me demandant: "Pourquoi est-ce que je ne marche pas cette année?" Mais pas cette année. Je peux marcher jusqu'où je veux, cette année. Je suis libre."

18 octobre 2007, dernier jour sur le PCT (photo Erin "Teatree" Brown)

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