lundi 6 février 2012

Cheminement



"Rien de ce qui est fini n'est jamais complètement achevé
Tant que tout ce qui est commencé n'est pas totalement terminé."
Pierre Dac



Je connais, grâce à Charlie Jones, l'existence du Pacific Crest Trail, depuis le mois de juillet 1996, soit depuis plus de quinze ans. J'ai depuis ce jour toujours gardé en tête l'idée — parfois insistante et tenace, parfois plus lointaine et hypothétique — de tenter de le parcourir. Jusqu'à sa disparition en 2001, ce projet impliquait bien évidemment Martine, avec qui j'ai fait de la montagne pendant près de vingt ans. Il m'a ensuite fallu près de dix ans pour pouvoir faire à nouveau de la montagne avec une certaine sérénité, notamment avec l'appui bienveillant de mon ami Jean-Pierre, sans qui je ne sais pas vraiment si j'aurais repris la randonnée.
C'est au début de 2011 que l'envie de partir sur le PCT a refait surface et s'est faite pressante. Cette idée a même rapidement revêtu une sorte de caractère d'urgence. Elle est devenue une décision grâce au soutien incroyable d'Anne-Marie, sans qui il est clair que j'aurais pas ce fantastique projet devant moi. Je le prépare, j'y réfléchis et j'y travaille concrètement depuis un an. J'ai entamé une préparation physique soutenue depuis le mois de juillet dernier, avec l'aide et le soutien de mon ami Roger, qui m'a traîné par les pieds jusqu'à sa salle de sport, et m'a aussi accompagné à la fin août en Californie pour y dévaster REI (1). Il m'est un soutien précieux. Et j'écris ce blog depuis déjà trois mois. Il m'a aidé à prendre pied dans le réel.
Aujourd'hui, il me reste deux petits mois à patienter. Dans deux mois, soixante jours, le 5 avril 2012, mon ami Rob me conduira à Campo où nous nous donnerons un solide hug bien américain devant le monument, à la frontière mexicaine. Et j'imagine qu'il me regardera partir avec une certaine inquiétude... Sans Rob, l'organisation logistique serait beaucoup plus compliquée.

Ce sont les étranges paradoxes d'une telle entreprise. Le chemin sera très long, mais le chemin déjà accompli l'a aussi été. Seize ans. Charlie sera toujours là, lui aussi, puisqu'il continue d'approvisionner inlassablement sa cache d'eau dans le désert du Mojave. Il serait amusant qu'on s'y rencontre. Je serai seul sur le PCT, mais j'y ai été conduit et accompagné par de nombreuses personnes qui me sont chères. Et je sais que j'y serai suivi, jour après jour, par ceux que j'aime et qui ont la gentillesse, et la patience, de m'aimer. Ils sont essentiels. Ce sont eux, ceux que je ne verrai pas mais dont je saurai qu'ils sont là, qui m'aideront à avancer. Je vais vraiment avoir besoin de tout le monde, ici et là-bas!
Le Pacific Crest Trail, une entreprise solitaire qui ne l'est en réalité pas du tout. Je me sens un peu comme le candidat à l'élection présidentielle, qui ne serait rien sans son équipe, tous ceux qui sont dans l'ombre, en coulisses, et font fonctionner la machine, famille, amis, trail angels. Reste à voir si je peux être élu. Mais ce n'est finalement pas le plus important. Pierre de Coubertin avait raison.
Merci, du fond du cœur, à toutes celles et ceux à qui je dois de pouvoir tenter de réaliser un fabuleux rêve. Non, de le réaliser, ce qui sera chose faite quand je serai parvenu à Campo, le dos à la clôture.

1. REI est une chaîne américaine de matériel de sport, de plutôt bonne qualité. On y devient adhérent, ce qui a pour effet de vous permettre de récupérer 10% de vos achats en dividendes une fois par an, au mois de mars. Comme je l'ai lu quelque part, on reconnaît un thru-hiker au fait que ses dividendes REI sont supérieurs à $100. Les miens devraient être bien supérieurs...




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