"I have spread my dreams under your feet; tread softly because you tread on my dreams."
William Butler Yeats
"J'ai déroulé mes rêves sous vos pas; marchez délicatement parce que vous marchez sur mes rêves".
J'ai bien aimé le journal qu'a rédigé Funnybone! (oui, c'est son trail name, avec le point d'exclamation...) pour son deuxième parcours du PCT, en 2006. Un intarissable bavard plein d'humour. Et Funnybone! avait aussi décidé de partir bien avant les autres, avant le Troupeau (The Herd). Dans ce passage, il expliquait pourquoi. Je dois dire que la lecture de ce qui suit, il y a plusieurs mois, a dû contribuer à ma propre décision de partir très tôt:
REASONS for an EARLY DEPARTURE
DISCLAIMER: The following is directed toward future PCT hikers and is a bit negative. I apologize in advance!
Approximately 300-400 backpackers attempt to hike the entire PCT each year. Most these souls start sometime around the last weekend in April, near when the Annual Day Zero Pacific Crest Trail Kick Off kicks off. The ADZPCTKO is a fun-filled gathering whose primary purposes are to send the current crop of hikers on their respective way(s) and to reunite PCT enthusiasts. The vox populi is that it is an event not to be missed.
But the decision to start a month earlier than the masses is an easy one for this dissident: I seek more of a wilderness experience than a moving block party. Desert Solitaire rather than Desert: Follow them There. While I expect to face more adversity by the earlier departure, both in the form of colder conditions and some stints of isolation, I doubt I'll be caught up in the mode of trying to fit in, or not trying to fit in. I imagine I'll also see more wildlife and meet more of myself en route...not that the latter is necessarily a good thing.
In 2002, I found that there was a surprising amount of competitiveness among thru-hikers in the early going. And almost all of it stemmed from hikers who had been to the Kick-Off, which had taken place a few days after my departure from the border. Hiking is not supposed to be a competitive sport, at least not outwardly, but I witnessed more than I had ever imagined I would. The inquiry "When did you start?" was often asked during the first month or two. And while it's a relatively innocent question, it almost always has hidden undertones. Farther up the trail, as these bloodthirsty hikers spread out, then dropped out, the same question was nearly nonexistent. And anyway, if hiking the PCT was truly a race, methinks the winner would be the one out here the longest.
Perhaps most surprisingly to me at the time was how certain cliques had formed because of this clumping that the Kick-Off helps to create. Prior to reaching Kennedy Meadows, I had dropped off the pace of those "around" me. By the time I staggered into Kennedy, I didn't recognize a single face and was treated as an outsider. This was genuinely odd, since we were all outsiders! Groups of hikers sat around in circles and kept their distance from the others. Not a single person walked up and introduced themselves and shunned me when I attempted to do the same, and I soon found myself longing to be long gone. It was an unusual circumstance and one I wouldn't see again on the trail, thankfully, but it said a lot about human interaction. In my mind, when 300 or more thru-hiking hopefuls start a long trail at the same time it detracts from the experience I'm after.
"RAISONS POUR UN DÉPART PRÉCOCE
AVERTISSEMENT: Ce qui suit est adressé aux futurs thru-hikers, et est un peu négatif. Je m'en excuse à l'avance!
Environ 300 à 400 randonneurs tentent de parcourir la totalité du PCT chaque année. La plupart d'entre eux démarrent aux alentours du dernier week-end d'avril, à proximité du "Annual Day Zero Pacific Crest Trail Kick Off". Le ADZPCTKO est un agréable rassemblement dont le but principal est de mettre la toute dernière promotion de randonneurs sur son chemin et de rassembler les enthousiastes du PCT. La vox populi affirme que c'est un événement à ne pas manquer.
Mais la décision de partir un mois plus tôt que la masse est aisée pour le dissident que je suis: je recherche davantage l'expérience de la nature sauvage qu'une fête de quartier ambulante. Solitaire du Désert plutôt que Suivez-les dans le Désert. Bien que je m'attende à affronter davantage d'adversité du fait de mon départ précoce, des conditions plus froides et des périodes de solitude, je n'aurai au moins pas à m'interroger sur la manière de m'intégrer ou de ne pas m'intégrer. J'imagine également que je verrai davantage d'animaux et que je pourrai plus facilement aller à la rencontre de moi-même en chemin... même si ce n'est pas forcément une bonne chose.
En 2002, j'ai découvert qu'il y avait une dose surprenante de compétition entre thru-hikers au début. Et presque tout venait de randonneurs qui étaient allés au Kick-Off, qui avait eu lieu quelques jours après mon départ de la frontière. La randonnée n'est pas censée être un sport de compétition, du moins pas de manière visible, mais j'en ai vu plus que je ne l'aurais imaginé. La question "Quand as-tu démarré?" était souvent posée au cours des deux premiers mois. Et bien que ce soit une question relativement innocente, elle comporte presque toujours des sous-entendus. Plus haut sur le sentier, au fur et à mesure de la dispersion de ces randonneurs assoiffés de sang, puis de leur abandon, cette même question avait disparu. Et de toute façon, me semble-t-il, si parcourir le PCT était véritablement une course, le vainqueur serait celui qui tient le coup le plus longtemps.
Peut-être encore plus surprenante fut la manière dont des cliques se formaient, en raison des regroupements que le Kick-Off favorise. Avant d'atteindre Kennedy Meadows, j'avais été lâché par ceux avec qui je marchais. Lorsque je suis arrivé en titubant à Kennedy, je ne reconnaissais plus personne, et j'étais traité comme un étranger. C'était tout à fait curieux, dans la mesure où nous étions tous des étrangers! Des groupes de randonneurs s'asseyaient en cercle et se tenaient à l'écart des autres. Aucun d'entre d'eux ne s'est approché ou présenté, et ils m'ignoraient quand j'ai essayé de le faire. Très vite, il m'a tardé de repartir. C'étaient des circonstances étranges que, Dieu merci, je ne rencontrerais plus sur le chemin, mais ça en disait long sur les interactions humaines. À mon avis, lorsque 300, ou plus, aspirants thru-hikers entament un long parcours en même temps, cela dégrade l'expérience que je recherche."
It's funny, because long-distance hikers are willing to walk FOREVER (ergo, the long-distance part). They will traverse deserts, lava beds and high mountains; they will ford waist-deep creeks and starve themselves for days on end; they will deal with blisters the size of cantaloupes and they will even co-exist with the dreaded Sierra mosquito; all of this with little more than the passing complaint. But when it comes to leaving for a thru-hike earlier than what is deemed "normal", they almost all respond with a pleasant, "No thank you."
They say it's too early! They say you'll reach the high-country too soon! They say it's too cold! They say it's too dangerous!
"C'est amusant, parce que les randonneurs longue distance sont prêts à marcher SANS FIN. Ils traversent des déserts, des champs de lave et de hautes montagnes; ils traversent des torrents avec de l'eau jusqu'à la taille et restent affamés pendant des jours et des jours; ils supportent des ampoules de la taille d'un melon et ils réussissent même à cohabiter avec le redoutable moustique de la Sierra; et tout ça sans rien de plus qu'une légère plainte occasionnelle. Mais quand il s'agit de partir plus tôt que ce qui est considéré comme "normal", ils réagissent presque tous avec un agréable "Non merci!".
Ils disent que c'est trop tôt! Ils disent qu'on arrivera en haute montagne trop vite! Ils disent qu'il fera trop froid! Ils disent que c'est trop dangereux!"
Et plus loin, il donnait une philosophie de son parcours dont je me sens aussi plutôt proche:
There has been much talk of record-breaking performances in the thru-hiking world as of late: the Triple Crown in a single year by an English lad named Squeaky; David Horton's multi-person production of a pack-less run along the PCT; Scott Williamson's Yo-Yo of the PCT; and my very own attempt for the PCT's most nonchalant walk.
Yes, it's true. I plan to walk in record-breaking fashion by taking my time and introducing myself to every flower, every rock outcrop, every person and every scenic view I cross paths with along the way. In fact, I shall take more than my time; I'll take a periodic pause and pay tribute to those poor souls reading my journal entries (like this one) under artificial lighting at work. I shall crush all opponents and naysayers by stopping to look at my guidebook when the time is called for and even when it is not. I shall study the constellations in great detail during cloudless evenings and possibly even during cloudless days. I will stop when my feet hurt and I will offer what help I can to assist those in need, and even those NOT in need. I will be the champion of mediocrity! When side trips are in order, I will side with them. When side orders demand a trip, I will eat them. In a nutshell, it's this nut's intent to become the BEST NONCHALANT HIKER OF ALL TIME. Wish me luck and go pour yourself a cup of coffee while your boss is away.
In all truth, the whole concept of speed records on trails seems rather oxymoronic, if not moronic. I mean, why the urgency to end fun? Oh, well...to each his own, I guess.
"On a beaucoup parlé de performances records dans le monde du thru-hiking ces derniers temps. La Triple Couronne en une seule année par un Anglais du nom de Squeaky; le parcours en courant sans sac, et avec assistance, de David Horton; le Yo-Yo de Scott Williamson sur le PCT; et ma propre tentative de parcours le plus nonchalant du PCT.
Oui, c'est exact. J'ai l'intention de marcher en mode record, en prenant mon temps et en me présentant à chaque fleur, chaque éperon rocheux, chaque personne et chaque panorama que je rencontrerai en chemin. En fait, je vais prendre plus que mon temps; je ferai des pauses périodiques et rendrai hommage à ces malheureux qui lisent mon journal à la lumière d'une lampe au travail. J'écraserai tous mes adversaires et les pisse-vinaigre en m'arrêtant pour jeter un coup d'œil au guide chaque fois que nécessaire et même quand ce ne le sera pas. J'étudierai les constellations en détail les soirs sans nuages et peut-être même les jours sans nuages. Je m'arrêterai quand j'aurai mal aux pieds et je m'efforcerai d'apporter toute l'aide nécessaire à ceux qui en ont besoin, et même à ceux qui n'en ont pas besoin. Je serai le champion de la médiocrité! Lorsque des balades secondaires seront à l'ordre du jour, je les seconderai. Et si un bon plat exige un détour, je le ferai. En bref, c'est le projet de ce taré de devenir le MEILLEUR RANDONNEUR NONCHALANT DE TOUS LES TEMPS. Souhaitez-moi bonne chance et versez-vous un café pendant que le patron n'est pas là.
À la vérité, le concept de record de vitesse sur des sentiers me paraît un peu contradictoire, sinon un peu con. Ce que je veux dire, c'est... L'intérêt de mettre un terme rapide au plaisir? Bof, chacun voit midi à sa porte, j'imagine."
Funnybone! au Monument 78 en novembre 2006, après 7 mois de marche.
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