lundi 20 février 2012

Nicholas Crane


"Only those who will risk going too far can possibly find out how far they can go."
T.S. Eliot

"Seuls ceux qui osent aller trop loin peuvent découvrir jusqu'où ils sont capables d'aller".



Encore un cinglé! Dans la catégorie de ceux que j'aime. Au début des années 1990, Nicholas Crane, géographe britannique, passe dix-huit mois à parcourir à pied, et seul, l'arc alpin — un arc alpin très, très étendu, et sinueux, à vrai dire, puisqu'il est parti de Saint Jacques de Compostelle pour aller jusqu'à Istanbul. 10000 kilomètres de montagne, par les Picos de Europa, les Pyrénées, les Alpes, les Carpathes et les Balkans. Son récit, Clear Waters Rising, publié en 1996, est remarquablement bien écrit.
Pour des raisons étranges, j'éprouve ces derniers temps l'envie, ou le besoin, de lire ou de relire des récits de marcheurs fous de ma bibliothèque... Mon projet de Pacific Crest Trail doit d'ailleurs avoir un caractère psychanalytique prononcé, au vu du nombre de ces récits de très longues marches que j'ai accumulés depuis des années.
En relisant donc Crane, je découvre une phrase que j'avais soulignée au crayon il y a quelques années, pour des raisons que j'ai oubliées. Mais je ne la renie pas...
"In this exquisite moment it occurred to me that beauty cannot be sought; one simply has to put oneself in the way of its whims, and wait".
"Dans ce délicieux moment, il m'apparut qu'on ne peut rechercher la beauté; il suffit de s'exposer à ses caprices et d'attendre".


Mais c'est un autre passage qui m'a particulièrement interpelé, comme on dit en Français journalistico-moderne. Nicholas Crane et sa femme Annabel avaient organisé quelques rencontres le long du parcours, ce que je n'aurai, quant à moi, pas la chance de pouvoir faire avec Anne-Marie. Voici ce qu'il écrit:

"Our five days in Pamplona were full of talk and laughter and tears as we both reckoned with the need to continue our lives without the physical comfort and support of the other. Neither of us regretted this challenge, yet we were about to part, each sick in the stomach, with a sense of the solitariness and enormity of what we still faced. Ironically, I would not have had the courage to embark upon the journey as a single man; it was the security of marriage which had given me the confidence to be alone."

"Nos cinq journées passées à Pampelune furent emplies de conversations, de rires et de larmes. Nous prenions conscience qu'il nous allait falloir poursuivre notre vie sans le réconfort physique et le soutien de l'autre. Nous ne regrettions, ni l'un ni l'autre, ce défi, mais nous étions sur le point de nous séparer nauséeux, marqués par la poids de la solitude et de l'énormité de ce qui nous attendait. De manière ironique, je n'aurais pas eu le courage de m'embarquer célibataire dans ce voyage; c'est la sécurité du mariage qui m'avait assez donné confiance pour être seul".



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