"At Christmas I no more desire a rose,
Than wish a snow in May's new-fangled shows;
But like of each thing that in season grows."
William Shakespeare, Love's Labour's Lost
"À Noël je n'ai pas plus envie de rose,
Que je ne voudrais de neige quand Mai s'éveille;
J'aime chaque saison pour ce qu'elle m'apporte en son temps".
Ce que ces deux insupportables gamins pourraient décider de faire — ou de ne pas faire — cet hiver aura de très lourdes répercussions sur ma petite balade du printemps et de l'été prochains. Je suis tributaire des coups tordus d'El Niño ou de La Niña. Sales gosses!
Il s'agit donc de surveiller de près leurs agissements d'enfants mal élevés. Et les premiers signes sont plutôt réconfortants. Avant-hier, on pouvait constater sur l'Ouest américain qu'ils étaient nettement moins dissipés qu'au début de l'hiver précédent, en 2010. Évidemment, il est bien délicat, et un peu téméraire, de tirer des conclusions de leur calme apparent aussi tôt dans la saison. Mais la comparaison est néanmoins intéressante, et aurait tendance à me mettre du baume au cœur.
Alors, voilà deux images, avant que je vous explique très sommairement comment ces deux petits voyous peuvent vous pourrir la vie — à vous aussi — sans que vous en ayez conscience. La première image est celle de l'état de l'enneigement avant-hier, 26 novembre 2011. La seconde est celle du 26 novembre 2010. Peu importe les couleurs, là où il y en a, il y a de la neige. Le trait bleu, c'est le Pacific Crest Trail, bien sûr.
26 Novembre 2011
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26 Novembre 2010
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Vous constatez qu'il y a, à cette date au moins, une énorme différence d'enneigement entre 2010 et 2011. Et bien sûr, l'enneigement conditionne de manière directe la difficulté de la traversée de la Sierra Nevada pour moi. Moins il y aura de neige cet hiver, plus je serai content.
Quoique... Moins de précipitations et de neige pourront cependant aggraver les conditions dans le désert. Mais à tout prendre, je préfère les avantages considérables que je retirerais dans la Sierra et affronter d'autres problèmes dans le désert. Mais El Niño ou La Niña ne me demanderont pas mon avis, de toute façon...
Or, la Sierra, c'est non seulement la partie la plus difficile du PCT, mais c'est aussi un morceau non négligeable, en termes de distance.
La Sierra Nevada en Californie
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La Sierra Nevada porte ce nom parce que les premiers explorateurs espagnols ont remarqué dans cette région une certaine propension à la blancheur. Il y a des raisons géographiques à ça. La Sierra Nevada est le premier obstacle auquel se heurtent les tempêtes en provenance du Pacifique. Le coup classique de la buée sur une vitre. À plus grande échelle, beaucoup plus grande. Et ces tempêtes ont deux origines principales: l'océan Pacifique d'une part, le courant marin froid qui descend d'Alaska le long du Canada d'autre part. Bref, tout ça complote pour qu'on ait des chutes de neige monumentales sur la Sierra, qui doivent faire baver de rage et de jalousie les responsables de nos stations de ski avec leur pathétiques canons à neige. Sept mètres de neige au cours de l'hiver à 2000 m d'altitude n'ont rien d'exceptionnel.
Et nos deux gamins dans tout ça?
Je ne vais pas me lancer dans des explications climatologiques qui ne feraient que mettre en relief mon incompétence. Si vous souhaitez en savoir plus sur El Niño, ou La Niña qui lui fait généralement suite, vous jetez un coup d'œil sur internet. Cela dit, c'est un peu l'histoire de l'effet papillon: une modification cyclique de courants marins au large du Pérou induit en cascade des changements climatiques considérables dans le monde entier. Les inondations récentes en Thaïlande en sont une des dernières manifestations, semble-t-il. Et si vous subissez des saisons pourries, il convient de vous demander si nos deux bambins n'en sont pas responsables. En clair, ils foutent périodiquement le bordel dans le climat mondial. Mais il y a peu de temps qu'on a commencé à comprendre le phénomène. J'ai bien dit commencé.
Bref, tous les cinq, six ans, la réapparition d'El Niño engendre toute une série de bouleversements météorologiques, pas encore bien compris, dont l'enneigement de la Sierra Nevada est une manifestation qui m'intéresse au premier chef. Ça fait boule de neige... OK, bon, je sors.
Vous noterez sur les schémas ci-dessous que tout cela entraîne généralement un accroissement des précipitations sur l'Ouest américain, c'est-à-dire des tombereaux de neige sur la Sierra Nevada ou la Chaîne des Cascades. Et par voie de conséquence, des traversées de torrents redoutables.
Glory, Glory, Hallelujah, dirait-on outre-Atlantique, il semblerait, je dis bien il semblerait, qu' El Niño et La Niña soient partis jouer ailleurs que dans le Pacifique. Cela pourrait indiquer que 2012... pourrait être une année plus raisonnable pour les thru-hikers que 2011 l'a été.
Merci, petit Papa Noël. Mais ne vendons pas la peau de l'ours tout de même...
RépondreSupprimerBonojour,
Pouriez-vous donner le lien du site pour avoir la carte d'enneigement svp, merci.