mercredi 23 novembre 2011

Tu balises?


"There is nothing to fear, except fear itself." 
Franklin Delano Roosevelt

"Il n'y a que de la peur qu'il faille avoir peur".



En hommage à l'immense Samivel


Euh, Franklin, t'es sûr?
Yogi commence son guide du PCT par ces mots: "Le parcours intégral du Pacific Crest Trail implique toute une série de scenarii qui peuvent s'avérer dangereux et mettre votre vie en péril. Auto-stop, cols glacés, foudre, passages à gué, descentes en ramasse, ponts de neige, chaleur extrême, froid extrême, manque d'eau, ours, pumas, et bien d'autres aspects sont des menaces pour les randonneurs. Ça peut mal tourner". C'est rigolo, mais très américain, de considérer le stop comme le danger n°1...

Alors, quel est l'état des lieux? Le mot "relatif" me paraît prendre tout son poids, s'agissant d'une évaluation des risques. Oui, passer cinq ou six mois en montagne, dans un isolement important, peut être source de davantage de désagréments qu'une balade dans un parc. Il y a des morts sur le PCT, chaque année ou presque. Il y a des morts en montagne, n'importe où, n'importe quand.
Le nombre d'accidents sur le PCT me donne de surcroît  le sentiment d'être quelque peu passé sous silence par EDF. Quoi de très surprenant à ça?
On va éviter de faire les rapprochements ridicules avec les risques de la conduite automobile ou du jogging. Ou de la pêche à la ligne. L'essentiel, tout le monde en conviendra aisément, est de mesurer les risques et de s'y préparer au mieux.

Ce qui est intéressant sur le PCT, c'est qu'il met à votre disposition toute une gamme, extrêmement variée, d'emm... potentiels. Il est donc nécessaire de se préparer à beaucoup d'éventualités. Pouvoir affronter le désert, la haute montagne, de peu amènes représentants d'une faune sauvage très riche et très sauvage, parmi lesquels ours, pumas, serpents à sonnette, scorpions et tarentules. Il y a très peu de chances de tomber nez à nez avec un puma dans les Pyrénées, sauf s'il s'est échappé d'un zoo. En Californie, ils sont très discrets, mais ils ont fait plusieurs morts au cours des dernières années. Pas nécessairement sur le PCT, d'ailleurs. Je repense à l'exemple précis d'une joggeuse, dans la banlieue de Sacramento, la capitale.
Et le plus dangereux et le plus effrayant à mes yeux, et de très loin: pas les pumas. Les très nombreuses traversées de torrents en crue.

La quadrature du cercle, c'est de disposer de l'équipement nécessaire pour la chaleur torride, le froid extrême, la neige, etc., sans porter un sac de 40 kg. Il serait d'ailleurs, dans cette hypothèse, lui-même un risque majeur.

Alors, au bout du compte, il est sans doute possible, après avoir pris un certain nombre de précautions, d'adhérer à la philosophie de Franklin. Sans perdre de vue toutefois qu'il est raisonnable d'avoir peur dans certaines circonstances. Ceux qui n'ont jamais peur sont dangereux, car - comme le disait le grand Michel Audiard - "Les conneries, c'est comme les impôts. On finit toujours par les payer".

On est souvent seul sur le PCT. Même si la plupart des hikers marchent à peu près en même temps, leur nombre très limité et la distance considérable conduisent à une solitude importante. Pour tenter de rationaliser un calcul compliqué et très aléatoire, disons que le créneau de dates de départ va du début du mois d'avril au milieu du mois de mai. Allez, 40 jours. Si on répartit de manière égale le nombre de hikers présents sur le parcours, 300, sur cette période, on obtient grosso modo 8 randonneurs par jour, sur un secteur d'une trentaine de kilomètres. Les choses ne sont naturellement pas aussi simples, et il y aura beaucoup plus de randonneurs sur la première étape Campo - Lake Morena vers le 20 avril, plutôt que le 5, ou le 15 mai. Le 5, il y aura vraisemblablement moi.
Mais ces hypothèses montrent bien qu'on peut en réalité faire des centaines de kilomètres sans voir personne, ou presque. Rappelez-vous qu'en dehors des membres d'EDF, les sentiers américains sont soumis à des quotas stricts et qu'il n'y a pas grand monde. Sur le John Muir Trail, il nous arrivait fréquemment, en plein été, de ne rencontrer que 4 ou 5 personnes par jour. Dans le parc national de Yosemite.

Dès lors, une chute, une simple entorse, sans même parler d'une fracture, peuvent être lourdes de conséquences. Il est de ce fait raisonnable d'envisager de s'équiper d'une sorte de balise Argos pour appeler les secours. Il y a à ma connaissance deux principaux modèles disponibles:

Le système SPOT est assez bon marché à l'achat et paraît attractif, sur le papier. Il faut cependant payer un abonnement. De petite taille, il vous permet d'appeler les secours, mais aussi de transmettre votre position et un message préenregistré bref à votre famille ou amis, par mail. Ces derniers peuvent en outre suivre votre cheminement sur une carte. Ça semble parfait et vous avez déjà votre carte bleue en main. Rangez-là, c'est mon avis, parce que les commentaires d'utilisateurs sont loin d'être dithyrambiques. En clair, le système SPOT ne fonctionne, semble-t-il, que de manière aléatoire et épisodique. C'est un super système, mais pas toujours. Et c'est bien évidemment ce qu'on ne souhaite pas du tout de la part d'un tel appareil.



La balise ACR SARLINK 406 joue dans une tout autre catégorie. Elle est directement reliée par satellite aux réseaux de communication des organismes de secours. En l'enregistrant après achat, un processus obligatoire, ceux-ci ont d'emblée communication de votre identité. Il n'y a pas d'abonnement à prendre, comme avec le SPOT. Vous appelez les secours. Le signal leur indique qui vous êtes et où vous êtes. Ils viennent vous chercher. Vous l'aurez deviné: cette balise est beaucoup plus chère que le SPOT. De l'ordre de $400. Mais elle est fiable.
Est-ce bien le domaine dans lequel vous cherchez à faire des économies? Surtout après avoir acheté un sac à Dan McHale. Et une cuillère en titane.






3 commentaires:

  1. Et le plus dangereux et le plus effrayant à mes yeux, et de très loin: pas les pumas. Les très nombreuses traversées de torrents en crue.

    Dommage ta balise ne servira à rien sous l'eau!!

    Paul

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  2. Moi, je prendrais une balise ... et un radeau.

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