samedi 19 novembre 2011

Tu prendras ta p'tite laine?



"There's no such thing as bad weather, only unsuitable clothing."
Alfred Wainwright, 1907-1991

Il n'y a pas de mauvais temps, il n'y a que des vêtements inadaptés".





"Good weather, cold weather, hot weather, snow, intense sunshine, insects, wind, rain, and brush. Welcome to life on the PCT!"
C'est ainsi que Ray Jardine entame son chapitre consacré aux vêtements.
"Beau temps, mauvais temps, chaleur, froid, neige, soleil brûlant, insectes, vent, pluie, et végétation à laquelle on se frotte. Bienvenue dans la vie façon PCT".

L'enneigement près du PCT
Donner Pass, avril 2011


Alors, maintenant qu'on a posé le livre de Ray sur sa table de chevet et qu'on répond correctement aux interrogations écrites, qu'on a prêté serment de respecter le "Ray Way", il s'agit de mettre en œuvre les préceptes du gourou. 
La question de l'habillement est d'importance. Il faut effectivement pouvoir affronter, en continu, tous types de temps et de températures. Il peut geler dans le désert du Mojave, ou y faire des températures caniculaires façon sud californien, au-delà de 40°; il peut pleuvoir, il peut neiger. À tout moment. Mais si j'emporte mes vêtements de montagne habituels, je ne suis pas près de mettre les pieds au Canada. À moins d'y aller en avion.


On en revient, encore et toujours, au problème du poids. Le PCT est un loisir brutal. Il s'agit de marcher, sac au dos, huit à dix heures par jour pendant cinq mois. Il vaut mieux pouvoir avancer vite pour ne pas encore allonger les journées. Dans ce contexte, chaque gramme inutile devient un boulet de bagnard à vos chevilles. Ouaip, je sais, l'avenir américain de mon appareil photo semble un peu compromis.

Or, ma doudoune pèse, à elle seule, plus d'un kilo. Mon anorak pour la pluie et le vent aussi. Merci, Ray, je n'avais jusqu'à présent jamais éprouvé le besoin de les peser. Maintenant, je connais le poids de tout mon barda au gramme près. Cuillère en titane: 12 grammes. Mais pour les vêtements, ça craint. Vous saviez qu'une paire de chaussettes, ça pèse 105 g? Et un T-shirt en synthétique 133? J'ai même vérifié: un T-shirt léger en coton, 211 g, une petite cuillère...36 g.
Or, vous devez porter votre maison et tous les meubles sur le dos, pendant cinq mois. Huit à dix heures par jour. C'est bizarre, mais ça vous conduit à  regarder votre équipement d'un œil soupçonneux. On n'est plus dans le "ce serait sympa que j'aie ça", mais plutôt dans le "combien tu pèses, toi"?

Là encore, les sadhus du PCT, sous l'influence de Ray Jardine, ont mis au point des techniques redoutables. Il s'agit de résoudre une nouvelle quadrature du cercle, et c'est bien de technique qu'il s'agit, si on souhaite éviter de mettre sa vie en péril. Être léger tout en disposant de l'armement minimaliste nécessaire pour surmonter tous les obstacles. On en arrive à des extrémistes comme Warner Springs Monty, qui se glorifie de porter un sac de 5 kg! Il reconnaît tout de même qu'à ce niveau-là, les risques augmentent et qu'il n'est pas question de veiller le soir, parce qu'il se caille grave, ni de traîner le matin dans son duvet, parce qu'il se caille grave aussi. La seule chose qu'il puisse faire, c'est marcher. Toujours marcher.
Rappelons en outre que le poids dont je vous parle est celui du sac plein, SANS la nourriture et l'eau. Toujours. Donc, vous ajouterez à ce poids quelques kilos de plus. Cinq à sept kilos supplémentaires dans le désert, uniquement pour l'eau.

Et là, il me paraît intéressant de faire appel à notre ami Erik the Black qui, sur son site, a l'amabilité de présenter son "système" vestimentaire personnel pour le PCT. Car cet exemple - et ce n'est qu'un exemple - est révélateur: il montre que randonner ultra-léger, dans le cénacle des UL, est aussi affaire d'imagination. Comment faire beaucoup avec peu. Très peu.



Les vêtements qu'Erik met dans son sac, autres que ceux qu'il porte, pèsent... 1 kilo, et tiennent dans ce sac. C'est un système modulable.


Erik en fait la liste. Ce n'est pas grand chose, en réalité. Sous-vêtements en soie, une veste finement matelassée sans manches, coupe-vent et pantalon de pluie, bonnet et... moustiquaire d'apiculteur, pour cause de hordes de moustiques voraces. Avec ça, il faut pouvoir affronter une amplitude thermique de 50°.



Première couche / Vêtements de nuit

Temps chaud


Pluie par temps doux

Temps froid

Temps froid, pluie ou neige




Randonneur UL sur le PCT.
Euh, en fait, une étrange coutume d'EDF a créé une journée où tous les randonneurs sont censés marcher nus
 (Hike Naked Day).
(photo John "Rolling Thunder"  Henzell - PCT 2006)



Pas si UL que ça...
(photo Anne-Marie Gouvet)


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