"Animals are such agreeable friends - they ask no questions, they pass no criticisms."
George Eliot, 1819-1880
George Eliot, 1819-1880
"Les animaux sont des compagnons tellement agréables - ils ne posent pas de questions, ni n'émettent de critiques".
Extrait de: Keith A. "St. Alfonzo" Liker, Night Visitor At Maidu Lake: A True Pacific Crest Trail Story With Very Little Embellishment, in A Pacific Crest Trailside Reader, Seattle: Mountaineers Books, 2011
"Je m'extraie lentement de l'inconscience caverneuse du sommeil, et je me hisse péniblement jusqu'à la surface de l'éveil, du moins le pensé-je. La journée avait été longue sur le sentier et je suis épuisé. Je ne parviens pas bien à identifier ce que j'ai entendu et - encore plus important - ce que j'ai senti. Quelque chose se trouve devant la tente et s'y frotte, mais je ne sais pas bien si c'est réel ou quelque cauchemar induit par l'anxiété.
Dans mon état semi-comateux, je tâtonne dans la tente, comme un lecteur de Braille, à la recherche de ma lampe frontale. C'est alors que je l'entends à nouveau. Quelque chose pousse et gratte la tente pour essayer d'y entrer, et voici la partie de l'histoire que je n'aime pas: c'est moi qui suis dans la tente. Je suis maintenant tout à fait éveillé, et je prends conscience de mon erreur: avant de me coucher, je n'ai pas suspendu mes provisions comme il le fallait. J'ai placé ma nourriture, de manière "stratégique", à quelques mètres de la tente. À un endroit où je pourrais la voir au cas où un ours me rendrait visite. C'est bien ma chance - mon angoisse a attiré l'ours, il est là!
J'éclaire les alentours avec ma lampe, et je constate que mon sac est apparemment intact. Un bref moment de soulagement, mais très vite mes pensées se bousculent: est-ce que je sors précipitamment pour récupérer ma nourriture avant que l'ours ne s'en empare? Est-ce que je l'éblouis pour l'effrayer avant qu'il ne la prenne? Ou bien est-ce que je me pisse dessus à l'idée qu'une fine toile de tente est tout ce qui me sépare de lui? Pendant que j'essaie de décider quoi faire, j'entends, et maintenant je sens, un grattement à l'arrière de la tente. J'essaie d'entendre le souffle lourd d'un ours, mais il n'arrive pas. L'ours opère manifestement de manière discrète. Je sens qu'on pousse contre la tente, et maintenant je la vois bouger! Le grattement continue, et le bas de la tente se soulève à quelques centimètres de ma hanche, comme si un museau s'y était glissé.
Je me retrouve alors hors de la tente en un instant de pure panique. Je ne me rappelle même pas avoir ouvert la fermeture à glissière. Je ne suis armé que de ma lampe frontale et d'une vessie pleine. Impossible de mettre la main sur mon bâton, ma seule arme. Mes idées ne sont pas très claires. Où l'ai-je mis? Instinctivement, je me positionne entre l'ours et ma nourriture, mais je n'ai rien avec quoi la défendre.
Je balaie les alentours avec ma lampe, pas d'ours en vue. Je suis soulagé de découvrir que ce n'est pas un ours. C'est plus petit que ça, mais il n'a pas peur de moi. Il s'est glissé sous la tente et je ne le vois pas. Ce n'est pas ma nourriture qu'il veut - c'est moi."
Note du traducteur: Inutile de me demander ce que c'était! Je ne vous le dirai pas. C'est bien mieux comme ça. Mais moi, je le sais, na na nère.
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