"Grizzly bears are the true monarchs of the wilderness. As a predator at the top of the food chain and an indicator species, they are a symbol of a healthy ecosystem. Where they roam undisturbed by humans, wilderness exists."
Grizzly Discovery Center
"Les ours grizzly sont les véritables monarques de la nature. En tant que prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire et marqueurs écologiques, ils sont les symboles d'un écosystème en bonne santé. Là où ils rodent sans être perturbés par l'homme se trouve la véritable nature sauvage."
Bon, puisqu'on parlait des ours, on continue sur ce sujet.
Il y a BEAUCOUP d'ours sur le parcours du PCT. Des ours noirs, qui sont en réalité de couleurs très diverses, allant du brun clair au noir, noir, façon Erik. Bonne nouvelle, les ours noirs sont officiellement censés ne pas s'attaquer à l'homme. J'ai bien dit officiellement. On n'a pas dû l'expliquer à tous.
Beaucoup plus redoutables, les grizzlies ("grizz", quand on est intime avec eux. "Hi, grizz! Howdy?"). En Californie, le seul grizzly qui n'a pas été exterminé se trouve sur leur drapeau.
Un grizzly à San Francisco
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Il y a naturellement des grizzlies au Canada, mais aussi aux États-Unis, dans le Wyoming, dans le secteur du parc national de Yellowstone. Cet été, un randonneur du dimanche a été dévoré par un grizzly sur un sentier fréquenté, devant sa femme.
On sait maintenant que les grizzlies sont de retour dans le secteur du PCT, dans le nord de la Chaîne des Cascades, dans l'État de Washington. Ainsi que les loups.
En ce qui concerne les ours noirs, ils sont susceptibles de vous rendre visite à peu près partout, sauf dans le sud californien. Là ce sont les scorpions et les serpents à sonnette (1) qui agrémentent le paysage. Et quelques pumas.
L'ours est un animal TRÈS intelligent. S'il vous a repéré un soir, bonjour le combat pour garder vos provisions! Comme je l'ai expliqué, dans les secteurs où il a pris des cours du soir sur la connerie humaine, on doit obligatoirement mettre provisions, dentifrice, savon, votre eau de toilette Eau d'Issey, etc. dans des bidons blindés. Les différents modèles agréés par les rangers ont tout bêtement été testés en les remplissant de friandises et les confiant aux bons soins d'un grizzly affamé dans un zoo.
On dépose le dit bidon loin de la tente (ne surtout pas tenter de l'attacher à un arbre, par exemple, vous pourriez énerver un ours de 300 kg) et on laisse l'ours jouer. Le lendemain matin, ça m'est arrivé, vous essuyez les traces de bave sur le bidon et vous le remettez dans votre sac. Il serait périlleux, vaguement suicidaire, d'utiliser vos provisions comme oreiller. Mais certains le font.
Cette vidéo a été prise par un hiker... depuis sa tente! Il aurait dû relire le paragraphe ci-dessus. On a dit: "Loin de la tente"!
À 2 mn, l'ours a compris où était le couvercle. Regardez-le essayer de l'arracher... À 2'35", on regrette beaucoup de n'avoir pas mis le bidon TRÈS loin de la tente. À 3'25", on a une brutale poussée d'adrénaline:
Dans les autres régions où le "bear can" n'est pas requis, l'affaire n'est pas gagnée pour autant, loin s'en faut. La prudence la plus élémentaire vous impose d'utiliser une technique assez agaçante - et très aléatoire - qu'on appelle "bear bagging". Le principe est simple, la mise en œuvre l'est moins. Les résultats relèvent de la théorie du hasard.
Alors, voilà:
Vous commencez par dîner quand vous n'en pouvez plus de marcher. Ah! Enfin tranquille! Non, pas vraiment, parce qu'après avoir dîné, vous remettez votre sac et vous marchez quelques miles de plus. Histoire de tenter de tromper la viligance de Monsieur Ours, qui a senti l'odeur de votre canard confit / cèpes.
Là, vous n'en pouvez franchement plus, vous titubez, mais c'est maintenant qu'il va falloir faire preuve d'une grande lucidité, doublée d'une non moins grande adresse. Vous fourrez tout le bazar dans un sac (le mien est en kevlar, par prudence) attaché à une corde. Vous avez repéré un arbre qui a l'élégance de posséder une branche à peu près horizontale, assez solide pour supporter votre sac sans faiblir, mais pas assez grosse pour permettre à Monsieur Ours d'y monter.
Et le combat commence. Au bout de la corde, vous attachez une petite pierre dissimulée dans un sac. Vous devez lancer la pierre par-dessus la bonne branche, de sorte que vous pourrez ensuite hisser votre sac de provisions assez loin du tronc et assez haut pour qu'il soit hors de portée de Monsieur Ours.
La technique de hissage relève de la marine à voile du XVIIIe siècle. Il faut que le sac reste en hauteur, mais c'est mieux si vous pouvez le récupérer le lendemain.
Vous pensez pouvoir dormir sur vos deux oreilles (ça doit être compliqué, ça, quand même), mais c'est une erreur. Je vous ai dit que les ours étaient très intelligents. Je précise d'emblée, à toutes fins utiles, que je n'ai rien bu ce matin, en-dehors de mon café. Il existe donc une catégorie d'ours que les Américains nomment "ours kamikazes". L'ours kamikaze a pris des cours particuliers. Il monte en haut de l'arbre, jusqu'à atteindre une branche au-dessus de la vôtre. Et il se jette dans le vide, embarquant au passage votre branche... et le sac de provisions. Bingo! L'ours kamikaze peut également céder à la facilité et arracher l'arbre. C'est arrivé.
Dans cette hypothèse, évidemment, renoncez définitivement à toute tentation de vouloir récupérer votre sac. C'est Monsieur Ours qui est maintenant propriétaire d'un sac de provisions et il risque de se fâcher si vous le contrariez. C'est arrivé aussi.
Mais il y a mieux, ou pire. Je garantis l'authenticité de ce qui suit, sur la tête de mes enfants, pas la mienne. Bill Person, dont je vous ai entretenu, m'a raconté avoir vu, en rando, un ours... monter sur le dos d'un autre pour s'emparer du sac! Je ne sais en revanche pas si Bill avait bu quand il m'en a parlé.
La MAUVAISE technique:
La bonne technique (??):
La minute culturelle (on en apprend des choses, sur ce blog, c'est fou!):
Theodore Roosevelt fut Président des États-Unis au début du XXe siècle. Le diminutif de Theodore est Ted, ou Teddy. Teddy Roosevelt était un grand chasseur devant l'éternel, qui avait la réputation de dézinguer tout ce qui bougeait. Or, un beau jour, il a épargné un ourson. Cette nouvelle stupéfiante a renforcé la réputation de grand homme de Teddy. Et on a pris l'habitude, aux États-Unis, d'offrir un ours en peluche aux enfants. En souvenir de Teddy. Un Teddy Bear...
OK, mon histoire va tomber complètement à plat si vous ne savez pas qu'en Anglais, un ours en peluche se dit "teddy bear".
1. C'est Anne-Marie qui prépare ma pharmacie. Elle est médecin. Quand je lui ai demandé ce qu'il y avait lieu de faire en cas de morsure de serpent à sonnette, elle a répondu:
"Eh bien, tu déclenches ta balise pour appeler les secours. Pour qu'ils viennent au moins récupérer le corps, pour l'assurance..."
Les fabricants de bidons blindés:
Garcia:
Bear Vault:
Bearikade:
Sac en kevlar:
La vidéo de l'ours est excellente. Comment le campeur a-t-il pu rester sous sa tente ?
RépondreSupprimerC'est étrange, en effet, parce que ça aurait pu tourner très mal si le bidon avait roulé jusqu'à lui.
RépondreSupprimerLa technique préconisée - qui fait rigoler beaucoup d'ours - consiste à hurler et à taper sur tout ce qui fait du bruit pour "effrayer" l'ours. En dernier ressort, et je n'invente rien, il faut... lui mettre les doigts dans les yeux.
La bombe à poivre est également une technique moins risquée et efficace.