vendredi 27 janvier 2012

Donna


"Hospitality is making your guests feel at home, even though you wish they were."

"L'hospitalité, c'est faire en sorte que vos invités se sentent chez eux, même si vous préféreriez qu'ils y fussent".


Donna et Jeff Saufley, vous vous le rappelez peut-être, sont peut-être les trail angels les plus célèbres du Pacific Crest Trail. Ils habitent à Agua Dulce, dans le désert du Mojave et accueillent tous les randonneurs qui passent. Depuis quinze ans. Une tâche pharaonique. Il y a de l'héroïsme dans ce qu'ils font bénévolement. 50 hikers par jour pendant toute la saison.
Voici ce qu'écrit Donna dans la préface du livre de Barbara Egbert, Zero Days (Wilderness Press). Traduction par qui vous savez, of course:


"En mai, quand la chaleur de l'été commence à grimper, ils arrivent, poussiéreux et affamés. Leurs chaussures sont usées et la croûte de crasse et de sel de leurs vêtements témoigne de la vie dans les montagnes et les déserts du sud de la Californie. Ils ont marché sur des centaines de kilomètres pour parvenir ici. Ils arrivent du bout de la route et poussent le portail, en quête de rafraîchissement et d'un peu de répit du sentier. C'est pour eux que nous ouvrons notre maison et notre cœur. Chez nous, les randonneurs prennent un zero day.

Poussé par leurs rêves et leurs désirs de vivre une expérience qu'il est difficile de faire partager aux non-initiés, la plupart de ceux qui passent notre porte ont le  même objectif: parcourir l'intégralité du Pacific Crest Trail sur 4300 kilomètres, du Mexique au Canada. Beaucoup font des sacrifices pour faire ce voyage, et beaucoup vont souffrir — physiquement et mentalement — afin d'atteindre le terminus nord du sentier. Tous devront affronter obstacles et défis. Le sentier va les refroidir ou les réjouir, les pousser plus loin vers leur destination en les encourageant à aller voir ce qu'il y a derrière le prochain virage ou la prochaine montagne. Des centaines prennent le départ, mais seuls les plus chanceux ou les plus déterminés parviendront au bout. Une poignée d'entre eux reviendra, encore et encore, parce qu'ils trouvent leur vrai bonheur dans la rude simplicité de la vie du sentier.

L'isolement du Pacific Crest Trail  et le caractère sauvage des territoires qu'il traverse font que le parcourir en une seule saison est une redoutable entreprise. Le créneau dont on dispose dépend de la neige et de la météo, ce qui limite la saison habituelle à cinq ou six mois. Ceux qui veulent accomplir ce trajet doivent porter nourriture et équipement à travers montagnes et déserts, rivières et torrents. Dans les longs secteurs désertiques, ils doivent ajouter à leur charge le poids de la précieuse eau. Ils doivent subir les insectes, l'inconfort physique, et des extrêmes de température. Leurs pieds et leurs muscles vont se révolter. À la fin de la journée, ni lit ni douche chaude, et il faudra une semaine ou plus avant d'avoir la possibilité de ravitailler. Un équipement adapté, une organisation logistique, et une bonne préparation sont nécessaires. Ainsi que ces cadeaux les plus précieux: une bonne santé et du temps libre. C'est un groupe d'individus déterminés et privilégiés qui entreprend ce très long parcours.

Trouver l'archétype de ces vagabonds apparemment sans emploi est une entreprise vaine. Ce peut être des aventuriers de classe mondiale, ou d'autres pour qui c'est la première grande aventure. Vous y verrez des grands-mères, des ouvriers du bâtiment, des vétérinaires, des pilotes, des avocats, des serveuses, des pompiers. Un assez grand nombre de musiciens, d'écrivains, et d'ingénieurs marchent en compagnie d'étudiants ou de retraités, avec des vétérans qui ont déjà couvert des milliers de kilomètres ou des lycéens qui veulent échapper à leur quotidien. Des couples, des relations de tous types, des célibataires, chaque randonneur peut disposer d'un foyer et d'une famille qui le soutient, ou être seul, sans domicile fixe pendant la durée du trajet.

Le sentier est le Grand Égaliseur, qui ôte tout vestige de statut, de richesse ou d'emploi, celui qui donne à chacun l'allure d'un vagabond, un "métier" auquel tous semblent aspirer en dépit de leurs origines diverses. Ce que chacun fait, conduit, ou possède n'a plus de sens et disparaît hors de la vue, car le sentier se moque de tout ça et révèle la véritable dimension de leur âme à chacun d'entre eux.

Ce grand fleuve d'humanité coule par notre porte, à Hiker Heaven. Depuis que nous avons commencé à accueillir des randonneurs du PCT en 1997, des milliers d'entre eux ont trouvé ici le repos, en chemin vers le nord ou le sud."

Donna et Jeff Saufley

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