"Darn the wheel of the world! Why must it continually turn over? Where is the reverse gear?"
Jack London
"Au diable la roue du monde! Pourquoi faut-il qu'elle tourne constamment? Où est la marche arrière?"
"You can't have a better tomorrow if you are thinking about yesterday all the time."
Charles F. Kettering
"Vous n'aurez pas de meilleurs lendemains si vous pensez tout le temps à hier."
Je vous ai expliqué, amis lecteurs — et c'est d'ailleurs le sous-titre de ce formidable blog — que j'ai découvert le Pacific Crest Trail il y a quinze ans, alors que je parcourais le John Muir Trail avec Martine, et un de nos amis, Michel. À Red's Meadow, nous avions rencontré Charlie Jones, qui m'avait expliqué ce qu'était le PCT, dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'alors. Mais je ne pense pas, au vu de ce qui suit, que l'idée de m'attaquer au PCT me soit immédiatement venue à l'esprit.
J'ai tenu un journal du JMT. Et je viens de relire le passage où je raconte la rencontre avec Charlie. C'est le moment ou jamais, parce que cette rencontre m'a hanté pendant longtemps et trouve cette année son aboutissement. Si je n'ai sans doute pas pensé d'emblée que je partirais un jour sur le Pacific Crest Trail, ce parcours est resté dans mon esprit sans interruption depuis cette soirée à Red's Meadow, en compagnie de Martine, Michel, Charlie, Chuck, et deux ours noirs — une maman et son petit — particulièrement envahissants.
Il est amusant de relire, tant d'années après, les impressions et approximations de cette première rencontre avec le PCT. Pas de trop grosses âneries, tout de même, c'est rassurant... Apparemment, j'avais bien assimilé les explications de Charlie. Si bien qu'elles m'ont conduit jusqu'ici.
23 juillet 1996
"Cette nuit à 5 heures, nous avons été réveillés par un ours tranquillement occupé à essayer d'ouvrir les boîtes à ours posées à un mètre à peine de notre tente. J'ai donc rapidement enfilé un t-shirt et adopté la posture de combat du chasseur d'ours professionnel, batterie de casseroles à la main. Face à une telle détermination, notre ours (la maman ou le petit?) n'a pas demandé son reste et ne nous a même pas laissé l'opportunité d'une photo...
Nous nous accordons aujourd'hui une journée de repos: cela nous donne la possibilité de faire la connaissance de deux randonneurs d'une soixantaine d'années, Charlie Jones et Chuck Bennett, qui accomplissent le même parcours que nous et viennent d'arriver. Nous échangeons nos adresses internet, car Charlie s'occupe de ce qu'on appelle en jargon informatique un "newsgroup", un réseau d'échange d'informations sur le John Muir Trail et le Pacific Crest Trail, à l'usage de tous les passionnés de randonnée dans la Sierra Nevada.
[…]
Nous nous sommes fait des amis à Red's Meadow, et nous avons ainsi un peu l'impression d'avoir été intronisés dans la grande confrérie des randonneurs américains, une espèce somme toute assez différente des randonneurs pyrénéens que nous avions l'habitude de fréquenter, car davantage intéressés par les longues distances. Nous sommes fascinés d'entendre parler de randonneurs qui se sont attaqués aux 4300 km (!) du Pacific Crest Trail, des déserts brûlants de la frontière mexicaine où, dit-on, dès qu'on trouve le moindre coin ombragé, on s'y blottit jusqu'au coucher du soleil pour reprendre alors sa marche, jusqu'à la Chaîne des Cascades à la frontière canadienne. On dispose d'un tout petit créneau pour se mettre en route — de la fin mars aux premiers jours de mai — ce qui permet de traverser les déserts du sud de la Californie avant les grosses (!) chaleurs, de traverser la Sierra Nevada après la fonte des neiges, et de parvenir enfin à la Chaîne des Cascades avant les premières chutes de neige de l'automne. L'an dernier, 140 randonneurs se sont inscrits officiellement au "départ" du PCT, 7 d'entre eux seulement ont accompli le parcours intégral, en raison de fortes chutes de neige printanières sur la Sierra."
Et plus loin, à propos de Vermilion, ce passage:
"Butch nous invite alors à venir signer le livre d'or du PCT-JMT, ce dont nous sommes très fiers, une lecture fascinante s'il en est, dans les pages de laquelle surgissent des individus assez perturbés mentalement pour s'être attaqués à l'aller et retour sur le Pacific Crest Trail, soit 8600 km à pied et en montagne, ce qui représente au bas mot une année entière de marche."
Je rappelle à ce propos que Scott Williamson a battu le record de l'aller retour, ou "yo-yo", en octobre dernier, en 64 jours.
© Bart Smith
Karen Berger, Daniel Smith, Along the Pacific Crest Trail, Westcliffe, 1998
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