dimanche 22 janvier 2012

Skywalker



J'ai bien ri. Il se pourrait que j'aie moins envie de rire dans quelques semaines. Profitons-en donc tant qu'il est encore temps. Je suis en train de lire le compte-rendu d'un parcours du PCT qui n'a pas été, à ma connaissance, traduit en Français. "Skywalker, Highs and Lows on the Pacific Crest Trail", de Bill Walker (CreateSpace Books, 2010).
Il se pourrait que je vous traduise quelques passages, au fil des jours.
Commençons par celui-ci, qui se déroule dans le désert...



"Y A DE L'EAU? EXCUSEZ-MOI, Y A DE L'EAU?" Criai-je de toutes mes forces.
Je marchais seul, à la tombée de la nuit. Comme toujours au crépuscule, je me demandais où j'allais camper et trouver de l'eau. Joshua Tree Spring était mentionné comme ayant de l'eau et des emplacements de camping. Normalement, je n'aurais même pas hésité. Mais là, pourtant, il y avait une histoire bizarre.
Le Guide normalement exact de Yogi comportait une note étrange à propos de Joshua Tree Spring:
"En 2005, des randonneurs ont signalé qu'un ours vivait à cette source".
Un ours qui vit dans le désert? Ce serait un peu comme voir un alligator en Alaska ou un pingouin au Kansas? Pourtant, les topos sur l'eau indiquaient que la seule source de ce secteur était l'eau marécageuse de Joshua Tree Spring. Avais-je vraiment envie d'essayer de passer la nuit là où vivait un ours? Je décidai de m'approcher en criant sous couvert de m'intéresser à l'eau. Finalement, j'ai entendu une voix faible à quelques centaines de mètres au bas de la colline me répondre "Oui". L'affaire était réglée. C'est là que je m'arrêterais ce soir et j'ai commencé à descendre.
Carlos et Gabe, tous deux membres de l'équipe d'athlétisme de l'Université du Colorado, que j'avais rencontrés la veille, dînaient lorsque je suis arrivé. Mais ils n'avaient pas encore monté leur tente.
"Skywalker!", dit Carlos. "On se demandait si c'était ta voix".
"Ouais, comment est l'eau?" Demandai-je avec impatience.
"Va jeter un coup d'œil, me dit Carlos avec lassitude. "C'est là-bas, dans les hautes herbes".
J'ai laissé mon sac de nourriture à côté d'eux, mais je me suis ensuite laissé aller à l'égoïsme. Je me suis avancé tranquillement et j'ai choisi l'endroit le plus plat pour monter ma tente.
"Eh, Skywalker", a crié Carlos d'un ton détaché. "Regarde, y a un ours."
Il ne plaisantait pas. Un gros ours s'était approché à une trentaine de mètres et commençait à boire dans une mare d'eau grotesque. En-dehors du fait que nous étions en train de regarder un ours dans le désert, le plus étrange était sa couleur — cannelle.
La Californie grouillait autrefois de grizzlies — un chiffre estimé à 125 000. Les Indiens étaient parvenus à s'entendre avec eux. Les pionniers européens n'envisageaient pas une telle cohabitation, cependant, et les ont chassé avec frénésie. Au début du XXe siècle, le grizzly avait complètement disparu de Californie (bien qu'il subsiste sur leur drapeau). Mais pourquoi cet ours avait-il la couleur d'un grizzly, à la différence des ours noirs de jais qu'on trouve dans l'Est? Cela avait-il un rapport avec l'ensoleillement de l'Ouest? Peut-être. Ou bien était-ce parce que les grizzlies s'étaient croisés avec d'autres ours, et qu'il restait des hybrides en Californie?
Carlos et Gabe ne semblaient pas perturbés et ont sorti leurs appareils pour prendre quelques photos. Mais alors, l'ours a commencé à se diriger lentement dans leur direction, ce que les ours noirs ne sont pas censés faire. Ils ont rapidement fourré leurs sacs de nourriture dans les sacs à dos.
"Vous prenez mon sac de nourriture?" Ai-je crié.
"Ouais, on l'a".
L'ours approchait, lentement, mais sûrement, et continuait à s'approcher quand ils ont rapidement battu en retraite. Maintenant, l'ours et eux se dirigeaient vers ma tente.
Mon précédent record pour replier la tente était probablement de trois minutes. J'ai pulvérisé ce record sur le champ, tout en fourrant frénétiquement les divers éléments dans mon sac. Mais tout ne rentre pas quand on le fait de manière aussi désordonnée.
"Eh! Vous pouvez porter ça?" ai-je dit rapidement à Carlos et Gabe, en leur passant les armatures et l'eau. Pétrifiés de peur, nous nous sommes précipités vers le haut de la colline.
C'est alors qu'une chose bizarre s'est produite. L'ours était à sept mètres de nous, et nous étions complètement paniqués. Tout d'un coup, et de manière inexplicable, il a fait volte-face et a détalé comme un lapin. J'avais toujours entendu dire que les ours étaient de bons grimpeurs, mais je n'en ai pas cru mes yeux. Cet ours a grimpé à un arbre comme un écureuil, sans la moindre hésitation. C'est à ce moment que Carlos et Gabe ont commencé à lui jeter des cailloux."


1 commentaire:

  1. Palpitant. On attend la suite... (en anglais ou en français)

    Bons préparatifs

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