vendredi 20 janvier 2012

Poor Lonesome Cowboy



"As you simplify your life, the laws of the universe will be simpler; solitude will not be solitude, poverty will not be poverty, nor weakness weakness."
Henry David Thoreau

"Si vous simplifiez votre vie, les lois de l'univers seront plus simples; la solitude ne sera pas la solitude, la pauvreté ne sera pas la pauvreté, ni la faiblesse la faiblesse".




We recommend that you hike the trail with a partner. This is safer, easier and more fun. With a partner, your pack is lighter because of shared gear. If there should be a mishap, you have a greater chance of survival. 2663 miles of trail is a long way to go alone. Much of it is seldom traveled, except by thru-hikers. One can go days without seeing a soul, it can get very lonely.
The best partner is one you have known for a long time, but if you had one of those, you wouldn't be looking at this page!
If you prefer to look in cyberspace, checkout our Forums Section. Just search for partners and you'll find a number of new friends also interested in a trail quest.
If you pefer more conventional channels, we can post your notice in our magazine The PCT Communicator. Just e-mail us with your request, or you can call us at 916-285-1846.
Be careful about who you pick. They will be closer than a spouse for the next 6 months. 


"Nous vous recommandons de randonner avec un partenaire. C'est plus sûr, plus facile et plus agréable. Avec un partenaire, votre sac sera plus léger grâce à l'équipement que vous pourrez partager. Si un accident se produisait, vous auriez davantage de chances de survie. 4300 kilomètres de sentier, c'est très long quand on est seul. La plus grande partie du parcours est très rarement fréquentée, si ce n'est par des thru-hikers. Vous pouvez marcher pendant des jours et des jours sans voir personne, vous pouvez éprouver un grand sentiment de solitude. Le meilleur partenaire serait quelqu'un que vous connaissez depuis longtemps, mais si vous en aviez un, vous ne liriez pas cette page!
Si vous préférez chercher sur internet, jetez un coup d'œil à notre page "Forums". Recherchez un partenaire et vous trouverez un certain nombre de nouveaux amis engagés dans la même quête que vous.
Si vous préférez des méthodes plus conventionnelles, vous pouvez publier un message dans notre magazine "The PCT Communicator". Envoyez-nous votre demande par mail, ou appelez-nous au 916-285-1846. Soyez prudent dans votre choix. Le partenaire sera plus proche de vous que votre époux(se) pendant les six prochains mois."
(Site de l'Association du PCT)



Alors, voilà bien un sujet qui mérite réflexion! Pour ce qui me concerne, le "choix" est fait, évidemment, pour de multiples raisons. Je serai seul, et je vais aggraver mon cas en choisissant délibérément de partir bien plus tôt que mes petits camarades. Est-ce bien raisonnable?

Je n'en sais rien, à vrai dire. Mais c'est justement une expérience nouvelle que j'ai envie de vivre. Ce que je sais, c'est que pour une randonnée "normale", c'est naturellement beaucoup plus agréable et sûr d'avoir des compagnons. Le plaisir est accru par le partage. J'en ai une longue expérience. Mais pour le Pacific Crest Trail, en revanche, la situation est bien différente et je suis même un peu étonné de cet avertissement du PCTA qui est si différent de la position générale des hikers, pour qui partir seul est fortement recommandé. En attendant de se joindre épisodiquement à d'autres groupes de randonneurs.
On est bien d'accord sur le fait qu'être à plusieurs permet d'alléger un tantinet la charge parce qu'on la partage. À condition de la partager équitablement, ce qui est rarement le cas en couple. N'est-ce pas, Stéphane? N'est-ce pas, Paul? J'ai moi-même randonné pendant vingt ans avec Martine et nos sacs n'avaient pas vraiment le même poids, même si elle s'en défendait en arguant que nous n'avions nous-mêmes pas le même poids, non plus. Une perfidie bien féminine. On peut a contrario penser que cela alourdit généralement la charge du "mâle", et le partage — s'il était équitable — ne porterait (!) de toute façon que sur la tente et les ustensiles de cuisine. OK, le filtre à eau, aussi.

Le Pacific Crest Trail doit inéluctablement engendrer un certain stress, de grosses chutes de moral, et beaucoup de fatigue. Dès lors, d'innombrables décisions deviennent autant de points de désaccord et de friction avec votre compagnon potentiel. On s'arrête? On s'arrête pas? On accélère, on ralentit? On campe ici? On prend un zero day? On passe par ici, ou par là?
Et plus le parcours est long et difficile, plus ce problème devient épineux.
J'en ai fait l'expérience sur le John Muir Trail, en 1996. Michel, un très bon ami, nous avait demandé s'il pouvait se joindre à nous. Formidable! Oui, mais au bout d'une semaine de marche, on était à deux doigts de se foutre sur la gueule, et heureusement, il a lui-même décidé d'abandonner, ce qui nous a évité d'en venir aux mains. Tout ça à propos de la simple question du rythme de marche. Si j'aurais su, j'aurais pas venu... Cela lui a cependant valu, en nous quittant pour redescendre, de se trouver littéralement nez à nez avec un ours. Ils ont eu très peur tous les deux. Nos conceptions de la "randonnée" étaient radicalement différentes et nous nous rendions mutuellement malheureux.
J'imagine aisément que la randonnée en couple est un cas de partenariat bien particulier. J'aurais évidemment pu m'attaquer au PCT avec Martine, même si notre "partenariat" efficace était forcément le résultat de nombreux compromis. Un parcours d'une telle ampleur est néanmoins susceptible de créer des problèmes, y compris à des couples.

La sécurité est un autre point évident à propos duquel on pourrait penser que randonner seul n'est pas du tout raisonnable. Mais au bout du compte, partir sur le PCT n'est pas du tout raisonnable, non plus. Rester chez soi est peut-être un meilleur moyen d'éviter les ennuis, pas l'ennui.

Ce qui me fascine tout particulièrement dans cette "aventure" qui m'attend, c'est justement l'idée d'être seul responsable de tous les choix, toutes les décisions, jour après jour, pendant plusieurs mois. L'incroyable "liberté", même si ce terme est bien galvaudé. Monsieur Baulny, mon prof de philo, nous avait appris, il y a  43 ans, que la liberté, c'était "la connaissance de ses propres déterminismes". Et de ce côté-là, y a du boulot, parce que je ne sais toujours pas très bien pourquoi je me suis engagé dans ce projet. J'ai quelques pistes, bien sûr... Mais j'y verrai peut-être plus clair dans quelques mois.  Mon seul compagnon sera moi-même. Reste à voir si je m'entendrai bien avec lui. Ce n'est pas sûr, j'ai déjà pas mal de griefs. Sans compter que faire de la photo en montagne a été pour moi depuis des décennies une source de frustrations et le résultat d'autres compromis. Ne pas faire attendre les copains, ne pas pouvoir prendre réellement le temps. Et là, je voudrais pouvoir me rattraper.
C'est bizarre, avec l'âge, j'ai de moins en moins de tolérance aux compromis. Du moins dans certains domaines. Il faut dire que le temps est dorénavant compté. Il l'est pour tout le monde, mais à mon âge, comme dit Bernard Ollivier, on aperçoit l'autre rive à l'horizon. Le soleil couchant dans le lointain.


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