“Age wrinkles the body. Quitting wrinkles the soul.”
Douglas McArthur
"L'âge donne des rides au corps. Renoncer donne des rides à l'âme".
G Dan Mitchell me rassure. C'est un photographe randonneur amateur aussi jeune que moi et aussi cinglé que je dois l'être. Et sur son site, il s'explique à propos du dilemme de la photo (Bad! Lourd!) et de la randonnée (Good! Ultra-Léger!). Voir ci-dessous... Ça me rappelle Animal Farm, de George Orwell, ce joyau inestimable de la littérature mondiale. C'est une critique acerbe du stalinisme, au travers d'une fable dans laquelle les animaux se révoltent contre le fermier et établissent un régime égalitaire qui ne va pas tarder à salement déraper. Et un des credos initiaux des animaux est: "Two legs bad, four legs good". Deux jambes, non. Quatre pattes, oui. C'est aussi là qu'on trouve cette expression qui a fait florès, et dont beaucoup ignorent d'où elle vient: "Tous les animaux sont égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que les autres". Orwell? Un génie. Hop, dans mon Panthéon.
Pour les hikers staliniens, ce serait: UL, bien! Pas UL, mauvais! Vouloir prendre des photos comme un taré avec un appareil plus lourd qu'un parpaing, mauvais! Heureusement, G Dan Mitchell me confirme que je ne suis pas vraiment le seul à me préparer délibérément à une grosse galère. Mon sac est fait, je peux le regarder (avec une certaine inquiétude) du coin de l'œil le soir, il est en face du lit. Histoire de ne pas oublier que dans 3 mois exactement, tout mon mobilier et mon immobilier seront dedans. Je suis raisonnablement satisfait de son poids, que je ne donnerai pas, même sous la torture. Même si on me menaçait de devoir regarder les émissions de Patrick Sébastien, par exemple. J'en frémis, mais je ne parlerai pas. Je ne veux pas jouer au jeu des forums de randonnée ultra-hyper-micro-légère. Moi, j'en ai un plus petit que toi, na na nère! Cela dit, le sac est probablement un tantinet lourd, mais c'est une plume par rapport à ce que j'avais l'habitude de porter... quand j'étais jeune et fringant. C'est le résultat d'un compromis, comme toujours. J'ai allégé tout ce qui pouvait l'être, y compris mon portefeuille, sans toutefois sacrifier la sécurité ni faire du moindre gramme une obsession pathologique. Pour moi, ça devrait être convenable. Pas fantastique, convenable. Il reste naturellement à voir la tête que je ferai au bout de plusieurs jours. Vous ne la verrez pas, heureusement.
80-200 à 80 mm 1/250 f/8
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Mais là où les choses ne sont franchement pas convenables, c'est dans le domaine de la photo. Là, la situation s'aggrave de jour en jour, comme le fait d'ailleurs remarquer, lui aussi, G Dan Mitchell. Je suis en passe de me transformer en taliban de la prise d'images. Je suis en train d'aligner sur une table les objectifs auxquels je ne me résous pas à renoncer. Le 14-24, impensable de ne pas l'avoir. Plus royal que les joyaux de la couronne à la Tour de Londres! Et le 24-70, alors? Eh ben, oui, il le faut aussi, tu rigoles? Ouais, mais pour les fleurs, les insectes et les portraits en gros plan des serpents à sonnette? Il faut un objectif macro, le 105, un bijou plus précieux que le Koh-I-Noor. Mais je refuse de peser tout ce barda, même si je connais à peu de chose près l'étendue des dégâts. Chacun d'eux est plus lourd que le sac complet de Warner Springs Monty. Je deviens redoutablement extrémiste. La question du jour est de savoir si... je vais emporter un pied pour l'appareil photo! Vous imaginez? Un Gitzo en fibre de carbone avec une tête de chez Really Right Stuff que je suis allé chercher à l'usine, à San Luis Obispo, en Californie? Chez les thru-hikers, je suis bon pour l'excommunication ou l'internement d'office, ou les deux. Chez les photographes, je suis un petit joueur.
Pour ceux qui penseraient que j'ai fumé la moquette, je me permets de préciser qu'il existe un univers mystérieux et ésotérique dans lequel on peut consacrer huit pages, comme le fait sur son site Nasim Mansurov — qui comme son nom l'indique est Américain — à étudier le 14-24 de Nikon. "Une œuvre d'art", dit-il. Et le pire, c'est que je les ai lues!
Le dilemme est toujours le même: Si je pars sur le PCT, c'est pour y éprouver du plaisir. Oui, je sais, c'est parfois un type de plaisir un peu singulier. Mais plaisir quand même. Marcher sans pouvoir faire de photos correctes n'est pour moi plus un plaisir, c'est une torture.
Marcher avec tout mon barda sera certainement une autre torture. Certes, mais j'ai fait un choix. Ce n'est pas celui de limiter drastiquement la souffrance physique, c'est celui de limiter la souffrance mentale.
J'aime bien la manière dont G Dan Mitchell exprime ce dilemme: veut-on garder des souvenirs d'une randonnée, ou bien pratiquer la photographie? Ces deux activités — randonnée longue distance et photographie — sont apparemment incompatibles. C'est pourtant ce que je voudrais conjuguer. Les DEUX, mon adjudant.
Et puis, pour savoir si c'est faisable, il faut bien essayer, non? Et puis, finalement, on ne se refait pas. Bourrin on est (on naît?), bourrin on reste. Sans entrer dans des considérations de café du commerce, ma philosophie personnelle n'a jamais été de limiter mes efforts. Au contraire, sans doute. Ça devrait me plaire, le PCT...
G Dan Mitchell:
While I would like to have all of my gear with me, the load would be unmanageable. (At least at this stage of my life. When I was young, strong, and foolish in different ways than I am now, I would sometimes head out onto the trail with loads weighing up to 75 pounds.) Ironically, while I have lightened my load of backpacking equipmentconsiderably during the past few years – moving more in the “ultra-light” direction – my photographic equipment load has increased. The bottom line is that I consider very carefully what I carry, considering the upsides and downsides of each piece of equipment and occasionally making compromises if I think a piece of gear can be left behind.
I never have had the courage to weigh the whole mess, but I think it is somewhere in the 12+ pound range. By the standards of my ultra-light backpacker friends (whose total base load may be 12-15 pounds!) this is an outrageous amount to carry. On the other hand, fellow photographers may be wondering how I managed to get by with only limited lenses and a small tripod! (In August 2008 I met a fellow at Moraine Lake in SEKI who was carrying two Nikon DSLR bodies and four lenses! Later that summer I met an experienced Yosemite back-country photographer equipped with three complete systems: full-frame DSLR, medium format digital, and large format film! Not surprisingly he had arrived with the assistance of a pack train…)
Bien que j'aimerais avoir tout mon équipement avec moi, la charge serait ingérable. (Du moins à ce stade de ma vie. Quand j'étais jeune, fort et crétin de manière différente d'aujourd'hui, je partais parfois en montagne avec des charges allant jusqu'à 35 kg). De manière ironique, alors que j'ai allégé ma charge d'équipement de randonnée ces dernières années — en allant dans la direction "ultra-légère" — ma charge d'équipement photo a augmenté. Au final, je réfléchis très sérieusement à ce que je porte, en analysant le pour et le contre de chaque article, et je fais occasionnellement des compromis si je pense que je peux laisser un article à la maison.
Je n'ai jamais eu le courage de peser tout ce barda, mais je pense que ça doit être aux alentours des 6 kilos +. En fonction des critères de mes amis randonneurs ultra-légers (dont la charge totale doit être de 5 à 7 kg!), c'est un poids scandaleux à porter. D'un autre côté, mes collègues photographes doivent se demander comment je peux m'en sortir avec un nombre limité d'objectifs et un petit trépied! (En août 2008, j'ai rencontré un gars à Moraine Lake dans le parc national de King's Canyon qui portait deux boîtiers DSLR Nikon et quatre objectifs! Plus tard au cours de l'été, j'ai rencontré un photographe de montagne expérimenté de Yosemite équipé de trois systèmes complets: un boîtier digital, un moyen format digital, et un appareil grand format argentique! Pas étonnant qu'il soit arrivé avec l'assistance d'un train de chevaux...)
Je limiterai le nombre de bananes...
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Hello !
RépondreSupprimerNous aussi on pense acquérir (et porter) un pied ...
http://www.materiel.net/trepied-rotule/cullmann-mini-trepied-piccolino-49999-67844.html
Sinon, t'as pensé à prendre une imprimante avec ton Mac Book ... pour imprimer les cartes Halfmile au fur et à mesure, ça t'évitera de les porter ! eh eh eh !
Bonne prépa !
Nous aussi, nous avons le matos au pied du lit, mais il n'est pas encore dans les sacs ...
L'imprimante, sur une table à roulettes, bien sûr!
RépondreSupprimerCela dit, j'ai renoncé au MacBook et au solaire (à vendre: équipement solaire Brunton!), je me contenterai d'un bon vieux carnet / stylo.
Le pied, c'est tout de même vachement important, mais par définition, pour remplir son rôle (être stable), il doit nécessairement être lourd. Même en carbone.