jeudi 12 avril 2012

12 avril Mount Laguna





Je refais surface vers 6 heures 30. J’ai dormi par brèves intermittences, mais les anti-inflammatoires ont dû agir, je peux bouger. Je mets aussitôt ma tente à sécher, et j’enfile ce qui me reste pour pouvoir aller faire la lessive: caleçon de soie légèrement transparent, un t-shirt à manches longues et l’anorak. Je rédige mon journal, bois un café, et je repars ensuite vers le magasin du lodge, typiquement américain. On y trouve de tout, mais aucun produit frais. En arrivant devant le porche, le patron m’accueille: “Hey Philippe! Do you feel better today?” Un peu interloqué, mais pas tant que ça aux États-Unis, que le patron d’un motel se rappelle déjà mon prénom et m’interpelle ainsi, j’entre avec lui dans le magasin. Il va se charger de la lessive. Je récupère le Bounce Box, mais le colis de ravitaillement n’est pas arrivé. Ça commence très fort, sur le PCT!  Je retrouve aussi avec joie Alaska en train de boire un café. Il prend, comme moi, un zero day ici. Justin et Southern ont déjà repartis. Alaska me dit être inquiet de savoir Southern en train de marcher en kilt, vu le temps qu’il fait. Il gèle, les arbres sont drapés de stalactites de glace. Le patron me dit avoir aussi récupéré plusieurs jeunes qui sont venus sonner à 4 heures 30 ce matin. En perdition complète, mais en voiture, ils ont débarqués en t-shirts, shorts et tongs. Originaires de Floride, ils n’avaient apparemment pas bien intégré le changement de climat. Ils devaient penser être dans le désert sud-californien, ces naïfs.
Je repars dans ma chambre pour ouvrir le bounce box. C’est l’heure des bilans. Ils ne sont pas vraiment fameux. J’ai tellement chamboulé mon sac à Long Beach, dans un vain effort pour l’alléger, que je trouve pas les cordons, notamment celui qui me permet de recharger l’iPhone. J’en avais une pleine poche, elle n’est nulle part, j’espère seulement que je ne l’ai pas perdue en route. Il va sans doute falloir demander à Rob de le retrouver dans mes bagages et de me l’expédier plus loin. L’iPhone contient des données importantes, et m’a aussi permis d’envoyer un SMS à Anne-Marie depuis Lake Morena. Ce réconfort-là, je ne veux pas le perdre.
La poste ouvre de midi à 16 heures: je vais préparer un colis pour renvoyer certains articles chez Rob. 
Je repars au magasin me connecter au réseau wi-fi satellite un peu acrobatique, mais tout de même miraculeux. Ed vient d'arriver. Il a campé en chemin, hier, et paraît un peu surpris que je sois arrivé jusqu'ici hier soir. Arrivé, oui, mais dans quel état. Le patron ne cesse de venir me voir pour me demander si je vais bien...

Ed m'explique que Hot Wing, avec qui il était à Lake Morena, est parti plus tard que lui et qu'il ne l'a plus revu. Les moineaux semblent s'être déjà égayés dans la nature (très sauvage).
On annonce une tempête de neige pour demain. Une quinzaine de centimètres de neige. Le PCT continue de nous réserver quelques programmes divertissants. Au point où j'en suis, plus rien de ne peut me surprendre. Je suis un peu dépassé par les événements, il faut que je remette de l'ordre dans mes idées. Mon colis de ravitaillement, avec cinq jours de nourriture, a été perdu corps et biens. 
Penn vient d'arriver, il reste ici jusqu'à demain, lui aussi. Il me donne des nouvelles de Drew, qui est toujours vivant et devrait arriver aujourd'hui, de Running Wolf, qui a aussi campé en chemin. Finalement, j'ai failli mourir, mais je ne m'en suis pas si mal sorti que ça.
Devant nous, cinq jours ou plus pour parvenir à Warner Springs, sans étape intermédiaire, où un colis m'attend à la poste (???). J'ai renoncé au réchaud, je suis dorénavant "stoveless", comme ils disent.


Laguna Mountain lodge



La phrase du jour:
Commentaire d'Alaska dans le registre:
"Now that is what I call hiking! Mud, snow, hail, rain, and wind!"
"Ça, c'est que j'appelle de la randonnée! Boue, neige, grêle, pluie, et vent!"

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Nous (Chantal et Paul)sommes inquiets apres avoir lu ton recit.
    Demain nous serons conduits au depart par Scout ou Frodo.
    COURS CAMARADE LES DEUX VIEUX SONT DERRIERE TOI

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  2. P-We miss you already, I shiver thinking of your discomforts along the trail...My hope is that it will get easier as you go on, or that you will know when it is time to stop, if necessary. Warm e-hugs to you, you are constantly in our thoughts

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